Nigeria : Maiduguri, ville martyre du terrorisme de Boko Haram
Une nouvelle explosion a fait au moins sept morts mardi à Maiduguri, grande ville du nord-est du Nigeria déjà frappée samedi par un triple attentat attribué à Boko Haram.
Selon des témoins, une kamikaze s’est fait exploser mardi 10 mars au Monday Market de Maiduguri. Ce marché a été frappé récemment par plusieurs attentats-suicides, dont le dernier a fait au moins 15 morts samedi. Clément Adoda, le chef de la police de l’État de Borno (dont Maiduguri est la capitale), a indiqué à la presse que l’attaque de mardi avait fait au moins 7 morts et 17 blessés.
Les forces de sécurité ont également procédé à la détonation contrôlée d’une bombe posée non loin du Monday Market, a expliqué Mohammed Kanar, coordinateur pour le Nord-Est de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA).
Des sources médicales ont dit être "dépassées", car elles étaient toujours en train de soigner certaines des 139 personnes blessées samedi, lorsque trois attentats avaient frappé la ville – l’un d’eux au Monday Market – et tué au moins 58 personnes. Au moins une des explosions avait, là encore, été provoquée par une kamikaze, méthode à laquelle le groupe islamiste armé Boko Haram a régulièrement recours. Maiduguri, où fut créé le mouvement en 2002, a subi de nombreux attentats depuis le début de l’insurrection en 2009.
"Le seul État qui continuera à exister est la République fédérale du Nigeria"
Plus tôt mardi, le porte-parole du gouvernement chargé des questions de sécurité, Mike Omeri, avait estimé que le serment d’allégeance du groupe armé à l’organisation État islamique (EI), rendu public samedi, était "un acte de désespoir, qui survient au moment où Boko Haram enregistre de lourdes pertes". "Boko Haram est en train d’être éliminé", a-t-il assuré dans un communiqué. "Aucun extrémiste étranger ne peut changer ce fait (…) Il n’y aura pas d’État islamique au Nigeria. Le seul État qui continuera à exister est la République fédérale du Nigeria". Pour les experts, le serment d’allégeance de Boko Haram à l’EI est d’abord une opération de propagande, qui pourrait évoluer plus tard vers une véritable coopération.
>> À lire : Terrorisme : qui sont les groupes jihadistes africains attirés par l’État islamique
Ces derniers jours, l’armée nigériane, aidée par le Cameroun, le Tchad et le Niger voisins, a réussi à reprendre un certain nombre de localités aux islamistes dans le nord-est du Nigeria. Cette coopération militaire régionale vise à réduire la menace islamiste, qui s’est étendue depuis le Nigeria dans les pays voisins. Les forces nigérianes, elles, veulent également permettre la tenue le 28 mars des élections présidentielle et législatives, déjà repoussées de six semaines à cause des violences.
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L’armée nigériane a affirmé que les islamistes avaient "vécu leur Waterloo" quand ils ont essayé lundi soir d’attaquer la ville de Gombi (nord-est), dans l’État d’Adamawa, où ils auraient subi de lourdes pertes. Lundi également, les troupes tchadiennes et nigérianes ont annoncé avoir repris Damasak, ville de l’État voisin de Borno contrôlée par les islamistes depuis novembre. Mais ce nouvel attentat à Maiduguri et d’autres, récents, dans plusieurs grandes villes du nord du pays, montrent la difficulté à sécuriser la région à deux semaines d’élections que Boko Haram a promis d’empêcher.
Crise humanitaire autour du lac Tchad
Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a pour sa part dénoncé mardi une situation humanitaire désastreuse autour du lac Tchad, où le Nigeria a des frontières communes avec le Niger, le Tchad et le Cameroun. "Nous sommes témoins d’une crise humanitaire généralisée non seulement au Nigeria, mais aussi dans les pays voisins", a déclaré un porte-parole du CICR, Jean-Yves Clémenzo, lors d’une conférence de presse à Genève.
Le CICR distribue aux déplacés vivres et articles de première nécessité et aide à soigner les blessés. Pour le chef du CICR au Nigeria, Karl Mattli, cette aide "n’est pas encore suffisante. Il faut faire davantage". Les déplacés nigérians, qui bien souvent ont dû tout abandonner, et notamment leurs pièces d’identité, ne pourront pas voter aux prochaines élections, ce qui pourrait remettre en cause la validité du scrutin – surtout en cas de victoire du président sortant Goodluck Jonathan, le Nord-Est étant considéré comme un fief de l’opposition.
(Avec AFP)
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