Andrew Burns, Banque mondiale : « Nos prévisions sous-estiment probablement la réalité en Afrique »

Alors que la Banque mondiale publie le 16 janvier son rapport sur les perspectives économiques mondiales, Andrew Burns, directeur du Groupe d’étude des perspectives de développement au sein de l’institution multilatérale, revient sur les grandes tendances de 2013 : ralentissement aux États-Unis, récession en Europe et maintien de la croissance au sud du Sahara.

Andrew Burns est directeur du Groupe d’étude des perspectives de développement. © Banque mondiale

Andrew Burns est directeur du Groupe d’étude des perspectives de développement. © Banque mondiale

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 16 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

La Banque mondiale a publié aujourd’hui (16 janvier) son rapport bisannuel sur les perspectives économiques mondiales. Selon ce document intitulé « Assurer la croissance sur le moyen terme », l’incertitude persistera dans les économies riches au cours de cette nouvelle année, tandis que celles de l’Afrique devront rester robuste. Les pays africains profiteront d’une demande locale soutenue, des prix de matières premières durablement élevés, des volumes d’exportation en croissance (grâce à la hausse des investissements dans le secteur des ressources naturelles). Toutefois, les défis restent importants : En plus des problèmes structurels (industrialisation et faiblesse du commerce intra-africain) des facteurs tels que des conflits sociaux prolongés (Afrique du Sud) et des troubles politiques (Mali , Guinée Bissau et Centrafrique) ralentiront la croissance dans certains nombre de pays de la région. Andrew Burns qui a coordonné la rédaction de ce rapport a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Propos recueillis par Stéphane Ballong.

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Jeune  Afrique :  L’économie  mondiale  a  connu  un  certain  ralentissement  en  2012. Comment se profile 2013 ?

Andrew  Burns : Au niveau mondial, 2012 a été une année de faible croissance. Les pays riches dans leur ensemble n’ont connu qu’une progression de 1,3% de leur PIB. Pour 2013, on ne voit pas d’amélioration notable au niveau dans ces pays. On attend un ralentissement aux Etats-Unis où la croissance du PIB passera de 2,2% l’année dernière à 1,9. Pour la zone euro, nous tablons sur un recul du PIB de 0,1%, mais cela reste un résultat meilleur que le recul de 0,4% observé en 2012. Globalement la situation économique continuera d’être perturbée par les conséquences de la crise financière 2008-2009. Cependant le scénario est beaucoup moins pessimiste qu’il y a un an parce qu’on voit des signes de reprise aux Etats-Unis et en Europe. Dans ce contexte de volatilité dans les pays riches, les pays en développement font mieux : 5,1%. C’est loin des 7,1% voire des 8% qu’on a pu constater à la fin des années 2000. mais cela reste une bon score si on le compare aux performances des années 1990.

Pour  l’Afrique  subsaharienne,  vous  prévoyez  une  croissance  de  4,9%  en  2013  (contre  4,6% en 2012) et une moyenne de 6% jusqu’en 2015. Sur quoi basez-vous ces prévisions ?

Nos prévisions sont basées sur plusieurs observations. D’abord une augmentation du taux d’investissement : celui-ci est passé de 15% du PIB en 2000 à 22% du PIB en 2012. C’est le signe que les investisseurs font de plus en plus confiance à l’Afrique. Tandis que dans le reste du monde, les IDE ont diminué de 6,6% en 2012, sur le continent, ils sont passés de 35,7 milliards de dollars en 2011 à 37,5 milliards de dollars l’année dernière. Portés par les cours élevés des matières premières, ces investissements vont continuer à augmenter. Et avec eux, la production aussi. Mais outre les cours élevés des matières premières, d’autres éléments comme l’amélioration de l’environnement macro et micro économique jouent également. On voit aussi l’émergence d’une classe moyenne qui attire des investissements dans les secteurs de la grande consommation.

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La  Chine  qui  investit  massivement  en  Afrique  connaît  un  ralentissement  de  sa croissance,  les  Etats-Unis  et  l’Europe  sont  toujours  en  proie  à  des  difficultés. Votre analyse n’est-elle pas de fait trop optimiste ?  

Il se passe vraiment quelque chose en Afrique. Il est même probable que nos prévisions sous estiment la réalité. Parce que nos mesures restent essentiellement basées sur des éléments qu’on observaient depuis les années 1990, une période à laquelle des secteurs devenus très importants aujourd’hui n’existaient presque pas. Au Ghana, le calcul du PIB a été refait en intégrant ces éléments nouveaux. Résultat, on a trouvé que le PIB était beaucoup plus important que ce que donnait nos calculs. Ce qui nous fait dire qu’il se passe vraiment quelque chose sur ce continent.

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L’industrialisation  indispensable  à  un  développement  durable  peine  à  décoller en  Afrique. Par  ailleurs  la  part  du  continent  dans  le  commerce  mondial  demeure insignifiant… 

L’Afrique n’est pas encore la Chine. Les défis auxquels elle est confrontée sont réels. Elle doit donc continuer à tirer avantage du contexte positif actuel pour poser les bases de sa croissance future. On parle du secteur manufacturier qui est sous développé et de la faiblesse du commerce entre ses Etats. Bien évidemment, tout cela constitue des handicaps, ce qui est rassurant justement, c’est qu’en Afrique de plus en plus on voit ces problèmes comme des opportunités.

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