Comment le Mali a fait passer des armes… sous les chaussettes de Guo-Star

Le contrat conclu en 2013 entre le Mali et la société Guo-Star ne concernait pas que des pick-up, des bérets et des chaussettes…

Les bataillons ont été équipés par Guo-Star. © Émilie Regnier pour J.A.

Les bataillons ont été équipés par Guo-Star. © Émilie Regnier pour J.A.

Publié le 11 mars 2015 Lecture : 1 minute.

Dans le contrat de 69 milliards de F CFA (105 millions d’euros) conclu en novembre 2013 entre la société Guo-Star et le ministère de la Défense du Mali (qui valut à ce pays les foudres du FMI et le gel provisoire de ses appuis budgétaires bilatéraux), il n’était pas seulement question de pick-up, de bérets, de chaussettes et de sacs de couchage. Des témoignages concordants font apparaître qu’il concernait aussi l’achat d’armes et de munitions.

J.A. a ainsi pu prendre connaissance d’un bon de commande du 13 décembre 2013 d’un montant de 19 722 204 euros (près de 13 milliards de F CFA) destinés à l’achat de centaines d’armes (mitrailleuses, pistolets automatiques, fusils à lunettes et mitrailleurs, lance-roquettes, lance-grenades, mortiers, etc.), de milliers de munitions et de six systèmes antiaériens de type ZSU-23-4 Shilka (980 000 euros l’unité).

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Une société bulgare du nom de Metallica

Selon nos sources, ces armes auraient été achetées à une société du nom de Metallica, dont le siège est en Bulgarie. Me Kassoum Tapo, l’avocat de Guo-Star, se serait rendu dans ce pays il y a quelques mois – information qu’il refuse de commenter. Il s’agissait à l’époque d’armer les soldats formés par l’Union européenne à Koulikoro et d’équiper les véhicules (blindés de transport de troupes et pick-up) achetés dans le cadre du même contrat.

Aucune banque privée n’étant autorisée à prêter de l’argent pour acheter des armes, il a été décidé de "noyer" ces achats sensibles dans le contrat global passé avec Guo-Star, qui, officiellement, ne concernait aucun matériel létal. "Pour un pays comme le nôtre, il est très difficile d’acheter de l’armement, explique un proche collaborateur d’Ibrahim Boubacar Keïta. Nous avons sollicité l’aide de nos alliés, mais peu y ont répondu."

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