Ibn Chambas : « Nous ne savons pas avec certitude qui finance Boko Haram »
Transition au Burkina Faso, élection au Nigeria, dialogue politique en Guinée… De passage à Paris début mars, Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial de Ban Ki-moon pour l’Afrique de l’Ouest, a fait le tour de l’actualité de la région.
Nommé représentant spécial de Ban Ki-moon pour l’Afrique de l’Ouest en septembre 2014, le Ghanéen Ibn Chambas a du pain sur la planche. Après le départ forcé de Blaise Compaoré au Burkina, les échéances électorales vont se multiplier dans la région : outre le Burkina, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et la Guinée se rendront bientôt aux urnes. En visite au siège parisien de Jeune Afrique avant de s’envoler à Abuja, il fait le tour de l’actualité de la région. Verbatim.
Les 100 jours de la transition au Burkina
"Le Burkina Faso est un très bel exemple de coopération entre la Cedeao, l’Union africaine et les Nations unies. On a agi ensemble, très rapidement et dès le début de la crise, on a fait un grand effort pour assurer la stabilité du Burkina, de mettre en place une transition dirigée par des civils. Nous voulions éviter que la situation se dégrade et se transforme en coup d’État. Aujourd’hui, la transition est sur les rails. La communauté internationale est prête à l’accompagner pour qu’elle soit un succès et qu’elle aboutisse à des élections crédibles, inclusives et transparentes."
Ibn Chambas : "Michel Kafando a fait preuve de… par Jeuneafriquetv
Le tandem Kafando-Zida
"Pour nous, il n’y a depuis le début qu’un seul leader de la transition : le président Michel Kafando. Il a notre soutien pour gérer cette période avec un Premier ministre venu de l’armée, une institution importante au Burkina. Certains pensaient qu’il serait en retrait. Mais il a fait preuve d’un leadership fort. Il a une vision claire de la transition. Sa priorité est le respect du calendrier électoral."
>> Lire aussi l’interview de Michel Kafando : "Ce ne sont pas les militaires qui commandent" au Burkina"
Les élections au Nigeria
"Il faut tout faire pour que le Nigeria demeure stable et apaisé. C’est le poumon de l’Afrique de l’Ouest. Même si nous savons que Boko Haram va tout faire pour empêcher les gens d’exercer leur droit, il est primordial d’éviter un nouveau report. Le premier était compréhensible, car le taux de distribution des cartes électorales était trop bas. J’estime qu’il est aujourd’hui possible d’organiser ce scrutin malgré la situation sécuritaire."
La lutte contre Boko Haram
"Boko Haram est aujourd’hui un problème régional menaçant le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger. Il faut une approche qui unisse tous ces pays. Il y a un instrument déjà disponible, c’est la Communauté des États du Bassin du Lac Tchad (CBLT). Un travail est en cours avec l’Union africaine. L’adoption d’une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies permettra le déploiement assez rapide de cette mission."
>> Lire aussi : Mgr Kaigama : "On ne peut pas compter sur le gouvernement nigérian pour lutter contre Boko Haram"
"Mais l’action ne doit pas seulement être militaire. On sait c’est que Boko Haram est un groupe terroriste aux réseaux internationaux. Mais on ne sait pas avec certitude qui les finance. Ça doit être la priorité de la communauté internationale."
Le dialogue politique en Guinée
"La Guinée est sortie de la transition, mais n’a connu que deux élections démocratiques. C’est un pays où la culture des élections et de la démocratie n’est pas bien enracinée. Il faut que les Guinéens trouvent un moyen pour se parler, pour dialoguer et assurer, cette fois, des élections non contestées, apaisées et crédibles. Il faut qu’ils commencent dès maintenant. Les Nations unies sont toujours prêtes à accompagner ce processus. Mais, c’est aux Guinéens de créer les conditions du dialogue."
>> Lire aussi : le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 11 octobre
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Propos recueillis par Vincent Duhem
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