Petits tracas de milliardaires…
Forbes a publié sa liste des super-riches. Malgré la crise, ils sont de plus en plus nombreux. Mais les Africains restent à la traîne.
C’est un rituel à dix chiffres – minimum. Le magazine américain Forbes a publié le 2 mars son classement annuel des milliardaires de la planète. Avec des montants toujours plus hauts, à donner le tournis, cette liste renforce encore l’idée selon laquelle les riches seront toujours plus riches. Les crises n’ont aucune prise sur eux. Mieux : plus l’économie mondiale plonge, plus leur matelas s’épaissit…
Les 1 826 milliardaires de 2015 (181 de plus qu’en 2014) ont accumulé 650 milliards de dollars (588 milliards d’euros environ) supplémentaires en un an – plus de deux fois le montant de la dette grecque… -, pour atteindre un sommet jamais abordé encore : 7 050 milliards de dollars, soit trois fois et demie le PIB de toute l’Afrique.
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Ce nouveau déballage réaffirme une autre tendance : les Africains restent en queue de peloton. Ils sont 29, soit autant que l’an passé, et cumulent 93,8 milliards de dollars de patrimoine. En outre, ces ultrariches africains sont majoritairement blancs, principalement sud-africains et nord-africains. Et c’est une antienne de constater qu’aucun francophone d’Afrique centrale ni d’Afrique de l’Ouest n’y figure.
Addiction
Les Africains se démarquent en outre par une spécificité inattendue : au contraire de leurs congénères américains qui s’enrichissent, certaines des plus grandes fortunes du continent ont vu leur magot s’amincir sensiblement. L’Africain le plus fortuné, le magnat nigérian du ciment Aliko Dangote, a perdu un tiers de son pactole – presque 7 milliards de dollars sur les 21,6 milliards qu’il affichait en 2014 selon Forbes.
Même dégringolade pour sa compatriote Folorunsho Alakija, qui doit se passer de 500 millions de dollars. Dans son sillage, la femme africaine la plus riche, l’Angolaise Isabel dos Santos, a perdu 400 millions de dollars… Sale temps pour les deux seules femmes du continent présentes dans le classement du prestigieux mensuel.
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Ces pertes – toutes relatives au regard de ce qui reste – trouvent leur origine dans ce qui a permis à ces puissants d’accroître de façon souvent vertigineuse leur fortune pendant dix ans : le pétrole, dont le prix a chuté de plus de 60 % depuis la mi-2014, après avoir atteint des sommets il y a quelques années.
L’addiction au brut de ces nantis est à l’image de leur pays. Angola et Nigeria sont les deux premiers producteurs d’or noir du continent, et leurs économies insuffisamment diversifiées vivent sur le tempo irrégulier des cours pétroliers. S’il y a peu de chances de voir les milliardaires réduire leur train de vie, les États, eux, ont d’ores et déjà été contraints de prendre des mesures pour restreindre leurs dépenses, notamment sociales. Et ce ne sont pas nos super-riches, toujours milliardaires malgré ces soubresauts, qui en pâtiront les premiers.
Malgré la baisse de leur fortune, les milliardaires nigérians restent sereins
En dépit des turbulences qui ont malmené leurs fortunes, les milliardaires nigérians, avec à leur tête Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, veulent voir plus loin que la crise.
Les Nigérians les plus riches, dont la fortune a augmenté de manière exponentielle ces dix dernières années, ont perdu des milliards de dollars. La cause ? Une chute importante des prix à la Bourse de Lagos et la rapide dépréciation du naira.
Cette instabilité n’est pas un risque nouveau pour les grandes fortunes de la plus grande économie d’Afrique.
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