Gabon : l’assurance maladie obligatoire, ça marche !

D’abord réservé aux plus démunis, le régime d’assurance maladie a été généralisé. Avec des consultations et des actes pris en charge de 80 à 100 %, plus d’excuses pour ne pas se faire soigner.

Accueil de la CNAMGS, à l’hôpital général de Libreville. © David Ignaszewski

Accueil de la CNAMGS, à l’hôpital général de Libreville. © David Ignaszewski

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Publié le 12 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

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Première expérience du genre en Afrique centrale, l’instauration d’un régime obligatoire d’assurance maladie est une réussite. Et si la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) ne couvre pas encore l’ensemble des 1,6 million de Gabonais, elle s’est déjà imposée comme la pierre angulaire de la politique sociale du pays.

Dans un premier temps, la population a hésité à s’immatriculer, malgré les campagnes menées par les agents de la CNAMGS. "Ceux qui n’y croyaient pas au début ont été convaincus par le bouche-à-oreille, ils sont venus s’inscrire… Et c’est un véritable tournant social !" se félicite un médecin hospitalier en voyant revenir des patients qui, depuis longtemps, avaient renoncé à de simples consultations, trop onéreuses pour eux. Aujourd’hui, ils n’hésitent plus à franchir la porte de l’hôpital.

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Redevance obligatoire à l’assurance maladie

Le régime obligatoire d’assurance maladie a été appliqué graduellement. À sa création en 2008, il se limitait à la prise en charge des plus démunis, avec la mise en place d’un fonds de garantie sociale pour les "Gabonais économiquement faibles" (GEF), qui n’ont aucune cotisation à payer pour s’affilier. Celui-ci permet d’assurer les prestations de santé et le paiement des allocations familiales pour les personnes dont le revenu est inférieur au Smig, soit 80 000 F CFA (environ 122 euros) par mois.

Il est lui-même financé par une redevance obligatoire à l’assurance maladie (ROAM), un prélèvement de 10 % sur le chiffre d’affaires hors taxes des entreprises de téléphonie mobile et un autre de 1,5 % sur les transferts d’argent à l’étranger. Depuis janvier et jusqu’à la mi-avril 2015, la CNAMGS met en oeuvre une deuxième phase d’immatriculation des populations fragilisées qui ne bénéficient pas encore de ses prestations.

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En 2011, le régime a été étendu aux travailleurs du secteur public et, en 2013, à ceux du secteur privé, autrefois affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS, en liquidation). Outre le fonds de garantie sociale des GEF, la caisse d’assurance maladie dispose donc de deux autres fonds : celui des agents publics et celui des salariés du secteur privé, alimentés par les cotisations sociales des employeurs (y compris l’État) et celles des salariés.

Le 29 janvier, le gouvernement a revu à la baisse le taux de cotisation pour les personnels assujettis au régime : 4,10 % à la charge de l’employeur (inchangé), 1 % à celle du travailleur (contre 2,5 % auparavant) et 0,5 % à celle du retraité (au lieu de 1,5 %). Par ailleurs, la part du salaire mensuel soumise à cotisation est désormais plafonnée à 2,5 millions de F CFA.

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Les travailleurs du secteur des hydrocarbures en grève

Reste que l’élargissement du régime à tous les secteurs déplaît aux syndicats. Ainsi, en décembre 2014, les travailleurs du secteur des hydrocarbures ont fait grève afin d’exiger l’arrêt des prélèvements obligatoires pour les salariés du pétrole, qui bénéficient d’assurances directement souscrites par leurs employeurs.

Certains regrettent aussi que la prise en charge ne soit pas totale. La CNAMGS rembourse en effet à 100 % les soins de santé des femmes enceintes, des jeunes mères, des nourrissons, des familles en grande précarité (qui n’étaient prises en charge qu’à 80 % jusqu’en 2013) et des malades atteints d’un cancer, ainsi que les frais médicaux au sein des services d’urgences de tous les patients, assurés ou non, lorsque leur pronostic vital est engagé.

Pour les autres assurés, le coût des consultations et actes médicaux est remboursé à 80 % (voire 90 % s’il s’agit d’une affection chronique), le patient devant s’acquitter des 20 % restants. Soit 600 F CFA pour une consultation… au lieu de 3 000 F CFA sans prise en charge. Une révolution qui permet à la plupart des Gabonais de réduire leurs dépenses de santé. Et tout simplement de se soigner.

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