Vers un réchauffement des relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire ?

Le colonel Auguste Denise Barry, ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Sécurité et bras droit du Premier ministre Zida, a été reçu hier par Alassane Ouattara à Abidjan. Un signe d’apaisement de plus dans les relations entre les deux pays.

Les présidents Michel Kafando (g) et Alassane Ouattara (d), le 31 janvier à Addis-Abeba. © Présidence du Faso

Les présidents Michel Kafando (g) et Alassane Ouattara (d), le 31 janvier à Addis-Abeba. © Présidence du Faso

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Publié le 12 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Lorsqu’il a été contraint, le 31 octobre dernier, de quitter Ouagadougou sous la pression de la rue, Blaise Compaoré a trouvé refuge à Yamoussoukro, chez son "frère" ivoirien Alassane Ouattara. Après un court séjour au Maroc, l’ancien président burkinabè a ensuite posé ses valises à Abidjan, confirmant officieusement que sa terre d’exil serait bel et bien la Côte d’Ivoire.

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Dans les semaines qui ont suivi la chute de "Blaise", les deux voisins ont entretenu des relations empreintes de méfiance. Les autorités de transition burkinabè ont mal digéré que les Ivoiriens couvrent ainsi l’ex-chef de l’État, soupçonné par nombre de ses compatriotes d’avoir trempé dans plusieurs affaires tachées de sang. De leur côté, Ouattara et son gouvernement ont appelé à éviter la "chasse aux sorcières" et ont traité Compaoré avec tous les égards. Une solidarité logique au regard du soutien de l’ancien président burkinabè aux Forces nouvelles de Guillaume Soro, dont l’offensive a en partie permis à Alassane Ouattara de succéder à Laurent Gbagbo en 2011.

Discours d’apaisement

La détente entre les deux voisins a été amorcée par les présidents Michel Kafando et Alassane Ouattara. Les deux hommes se sont d’abord rencontrés en tête-à-tête le 15 décembre à Abuja, au Nigeria, en marge d’un sommet de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Ils se sont ensuite revus le 31 janvier à Addis-Abeba, à l’occasion du sommet de l’Union africaine (UA). Depuis, le président burkinabè ne cesse de rappeler la solidité des liens historiques qui unissent son pays à la Côte d’Ivoire, où réside une diaspora de près de trois millions de ses compatriotes.

Dans une interview accordée à Jeune Afrique en février, Michel Kafando a une nouvelle fois tenu ce discours d’apaisement. "Je vous assure que nous n’avons jamais fait de difficultés au président Ouattara ou au gouvernement ivoirien concernant la présence de M. Compaoré. Jamais." Et d’ajouter qu’il effectuerait, d’ici la fin de l’année, un déplacement en Côte d’Ivoire au nom du traité d’amitié et de coopération qui unit les deux pays et prévoit une rencontre annuelle de leur chefs d’État.

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Le colonel Barry reçu par Alassane Ouattara 

En attendant la venue du président Kafando à Abidjan, c’est le colonel Auguste Denise Barry, ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, qui a rendu une symbolique visite de courtoisie à "ADO". Depuis la démission de Blaise Compaoré, c’est la première fois qu’un officiel burkinabè est reçu par le chef de l’État ivoirien. Accueilli le 10 mars au palais présidentiel pour aborder la coopération bilatérale, le bras droit du Premier ministre Zida était également chargé de transmettre à son hôte un message et les "salutations fraternelles" de Michel Kafando.

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Le déplacement du colonel Barry en Côte d’Ivoire n’a par ailleurs pas été de tout repos. Le 9 mars, il était attendu au consulat général du Burkina à Abidjan pour une rencontre avec la diaspora burkinabè. Mais cette réunion a été brusquement interrompue par des militants du Collectif des associations et mouvements de jeunesse burkinabè en Côte d’Ivoire (CAMJBCI), qui ont vivement protesté contre les autorités de transition et leur choix de ne pas faire voter les Burkinabè de l’étranger aux scrutins présidentiel et législatif d’octobre prochain. Pris à partie par les membres du collectif, le ministre a été contraint de quitter les lieux précipitamment. 

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Benjamin Roger
 

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