Huile de palme : L’Afrique, nouvelle frontière de la certification

Après avoir été l’un des acteurs de l’évolution des méthodes de production de l’huile de palme en Asie, l’ONG Rainforest s’inquiète des pratiques de certains industriels en Afrique.

Une plantation d’huile de palme au Cameroun. © DR

Une plantation d’huile de palme au Cameroun. © DR

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 25 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

N’en déplaise aux consommateurs français et belges qui sont les seuls au monde à se défier de l’huile de palme, ce corps gras le plus consommé de la planète est promis à un bel avenir. Selon toute vraisemblance, il s’en produira en 2050 trois fois plus qu’aujourd’hui. En Afrique, son expansion sera très rapide, notamment sur le pourtour du Golfe de Guinée, depuis la Sierra Leone jusqu’au Gabon… avec les risques de déforestation que ces nouvelles plantations font planer.

L’ONG Rainforest Alliance qui, depuis 1987, travaille à la protection de la diversité et des moyens de subsistance durable des populations locales, entend appliquer en Afrique l’expertise et les standards de certification qu’elle pratique dans les grands pays producteurs que sont l’Indonésie et la Malaisie (87 % de la production mondiale).

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Spécialiste de la surveillance des petites exploitations agricoles, l’ONG vérifie que la plantation s’effectue sans déforestation. Elle veille à ce que soient préservées les tourbières, ces zones humides écologiquement si précieuses, car stockant beaucoup de carbone organique.

Elle regarde si les expropriations ne sont pas « sauvages », c’est-à-dire sans consultations formelles des populations concernées, comme cela s’est pratiqué notamment au Cameroun. Elle s’assure que les standards sociaux de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sont respectés en matière de salaire minimum, de protection sociale et de représentation syndicale.

>>>> Lire aussi – L’huile de palme, chance ou menace pour l’Afrique ? 

Désordre

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Les handicaps de l’Afrique pour la culture du palmier à huile tiennent au fait que son développement s’est fait dans un certain désordre. « On y a fort peu mesuré les impacts écologiques de sa culture, explique Éric Servat, responsable Développement marchés durables à Rainforest. Les salariés des plantations ne sont pas bien payés. La pollution de l’eau par les usines de transformation est importante. À vrai dire, il n’y a plus guère de forêt primaire en Côte d’Ivoire, et celle du Nigeria est confinée dans le sud-est du pays. »

La volonté d’avoir des plantations durables varie d’un pays à l’autre. Le Ghana se veut « vert »; le Nigeria, pas beaucoup. La Côte d’Ivoire commence à se préoccuper des questions environnementales. « L’arrivée du président Ouattara a énormément professionnalisé l’agriculture, poursuit Éric Servat. Un plan de développement de la palme est en préparation. Notre objectif est que l’on ne coupe plus d’arbres, que les plantations s’installent dans les zones dégradées puisque le palmier est très résilient, et qu’il y ait une compensation au niveau des territoires par des replantations en d’autres endroits ».

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Impossible d’empêcher les planteurs de diversifier leurs revenus en cultivant des mosaïques où cohabitent cultures vivrières et cacao, mais aussi des cultures de rente qui produisent toute l’année comme l’hévéa et la palme. Un phénomène à canaliser.

Bonne voie

En Asie, la préservation des forêts est en bonne voie à la demande d’industriels acheteurs d’huile de palme, tels Unilever, de distributeurs comme l’anglais Marks & Spencer ou de transformateurs comme Cargill, qui entendent qu’elle mérite le label « durable » d’ici 2020. En revanche, regrette Éric Servat, « en Afrique qui est notre nouvelle frontière, les investisseurs ne font pas preuve d’un grand intérêt pour la durabilité. Nous allons donc approcher Dreyfus, Bolloré et Michelin pour les convaincre de suivre l’exemple indonésien. »

Le processus étant volontaire, il suppose pour réussir que, sous la pression d’ONG comme Greenpeace – qui ne se limite plus à ces campagnes de protestation mais qui organise de plus en plus de programmes de préservation -, les gouvernements et les entreprises se mettent d’accord pour respecter les normes des politiques d’achats fixées par le Consumer Good Forum, une association qui regroupe les dirigeants des plus grandes entreprises mondiales.

Pour finir, il convient de faire vérifier par des organismes de certification comme Rainforest Alliance, que les déclarations de durabilité des entreprises ne sont pas pure communication, mais qu’elles sont bien conformes à la réalité dans les plantations. Il y a de gros progrès à faire : à ce jour, 15 % seulement de l’huile de palme commercialisée chaque année dans le monde est certifiés « durable » !

>>>> Lire aussi – « L’avenir de l’huile de palme est en Afrique »

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