Bénin : un joli coup de pousse
Productions relancées, mécanisation des activités, industrialisation de l’élevage… Le gouvernement passe à l’action. Objectif : renforcer la sécurité alimentaire. Et la croissance.
Sacré Bénin !
Vingt cinq ans après la Conférence nationale qui fut un modèle pour toute l’Afrique francophone, le laboratoire bouillonnant de la démocratie béninoise a du vague à l’âme.
« Dans nos pays du sud du Sahara, nous claironnons depuis toujours que l’agriculture est notre moteur de croissance, mais nous n’avons jamais fait ce qu’il fallait pour qu’elle réponde réellement à nos besoins. Résultat, les gens continuent de souffrir de malnutrition, de subir la famine, alors que nous avons des terres à perte de vue… en friche ! » déplore Issa Azizou.
Depuis qu’il s’est vu confier, en août 2014, le portefeuille de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, l’ancien colonel des Eaux et Forêts se démène pour que les programmes du Plan stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA) 2012-2016 soient bouclés à temps – leur taux global d’exécution était déjà de 65 % à la fin du troisième trimestre 2014. Ses trois priorités : la mécanisation des activités, l’industrialisation de l’élevage (porcin, bovin et avicole) et la réorganisation de la filière coton.
>>>> Lire aussi – Bénin : Fludor, nouveau roi du coton ?
L’agriculture, qui contribue pour 35 % au PIB du pays, est redevenue un moteur de croissance, avec une nette augmentation, a priori durable, des rendements et volumes produits. Gérée par l’État depuis la campagne 2012-2013, la production de coton-graine a crû de 28 % en deux ans et devrait progresser d’au moins 30 % à l’issue de la récolte en cours (avec plus de 400 000 tonnes).
Reste à tester l’option du zonage retenue par le gouvernement pour redéployer la filière. « L’idée, à terme, est de confier l’intégralité de sa gestion à des opérateurs privés, par zone de production, explique Issa Azizou. Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont adopté ce système, et ça marche. Nous allons procéder à l’attribution d’une zone expérimentale pour la prochaine campagne. »
L’évolution la plus marquante est cependant la croissance des autres filières, notamment vivrières, qui, selon les économistes, devrait se poursuivre. En 2014, le pays a ainsi produit plus de 2 millions de tonnes de céréales (+ 29,5 % par rapport à 2013), 72 600 t de viande toutes espèces confondues (+ 11,75 %) et près de 19 000 t d’oeufs (+ 48,4 %).
Une révolution liée en partie aux bonnes conditions climatiques, mais aussi aux résultats de la structuration des filières et de la mécanisation. Laquelle devrait s’accélérer avec l’entrée en service, en décembre 2014, de l’usine de montage de tracteurs et de matériel agricole de Ouidah (40 km à l’ouest de Cotonou), financée grâce à une ligne de crédit de 15 millions de dollars (13,2 millions d’euros) du gouvernement indien.
>>>> Lire aussi – Roland Riboux : « L’agro-industrie béninoise a le vent en poupe »
Ressources
Mi-novembre, l’État et la Banque africaine de développement (BAD) ont par ailleurs lancé le Projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la vallée de l’Ouémé (PAIA-VO). Axé sur le développement de trois filières porteuses (riz, maïs et maraîchage), ce programme permettra de valoriser 70 000 hectares de terres agricoles situées sur les territoires de 14 communes des départements de l’Ouémé, du Zou et de l’Atlantique… et dont à peine 30 % sont exploitées pour le moment, malgré la fertilité des sols et les ressources hydriques que constituent le fleuve Ouémé et ses affluents.
Construction d’infrastructures de stockage et de commercialisation, aménagement hydro-agricole, désenclavement, conseil aux producteurs, formation et suivi sur le modèle du centre Songaï… Le projet représente un investissement de 35,5 milliards de F CFA (plus de 54 millions d’euros) sur cinq ans, financé à hauteur de 28,9 milliards par la BAD, de 3,6 milliards par le Fonds pour l’environnement mondial et de 3 milliards par l’État béninois. À terme, en 2020, la vallée devrait produire plus de 21 600 t de céréales et 14 500 t de produits maraîchers supplémentaires par an. De quoi améliorer la croissance économique et renforcer la sécurité alimentaire.
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