Eleni Gabre-Madhin veut répliquer le modèle de la Bourse d’Addis-Abeba
Forte du succès de l’Ethiopia Commodity Exchange (ECX), Eleni Gabre-Madhin, sa fondatrice, se lance un nouveau défi : dupliquer cette expérience dans d’autres pays du continent.
« Il y a tellement d’opportunités en Afrique, tellement de choses à faire, qu’on n’a pas le temps de se reposer ! » En septembre 2012, Eleni Gabre-Madhin a quitté la direction générale de l’Ethiopia Commodity Exchange (ECX), qu’elle avait fondé en avril 2008. Quatre mois plus tard, la voilà sur le point de lancer, à l’occasion du Forum économique mondial qui se tiendra fin janvier à Davos, une nouvelle entreprise.
Baptisée Eleni, du prénom de l’économiste éthiopienne, cette nouvelle structure basée à Nairobi participera à la création et au financement de Bourses de matières premières (agricoles ou minières) dans toute l’Afrique. « Il ne s’agit pas simplement de dupliquer le modèle éthiopien dans d’autres pays. Il s’agit de s’en inspirer pour apporter des solutions appropriées aux conditions rencontrées par les acteurs locaux », tient à souligner cette spécialiste de l’agroéconomie, diplômée des universités de Michigan et Stanford (États-Unis).
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Née à Addis-Abeda, fille d’un ancien haut fonctionnaire des Nations unies, Eleni Gabre-Madhin, à l’aise aussi bien en français qu’en anglais, a déjà une expérience panafricaine avérée. Outre Addis-Abeba, où elle a dirigé le programme local de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri), elle a aussi travaillé au Kenya, au Rwanda, au Togo ou encore au Malawi. « Elle accorde beaucoup d’importance au terrain pour aboutir à des recommandations opérationnelles », jugeait Pierre Jacquet, chef économiste de l’Agence française de développement (AFD), dans une tribune parue en 2011 dans le quotidien français Le Monde.
Le succès de l’ECX parle pour elle. En quatre années d’existence, cette Bourse, qui a vu ses transactions croître de 21 % en 2011-2012 pour approcher les 950 millions d’euros, est devenue une référence en Afrique. Elle a contribué à augmenter de manière significative les revenus des paysans éthiopiens, en particulier des 15 millions de caféiculteurs. Avant la création de l’ECX, 38 % seulement du prix du café leur revenait ; cette proportion est passée à près de 70 %. L’expérience éthiopienne montre aussi qu’« une Bourse peut catalyser le développement de la logistique, de l’entreposage de produits agricoles ou miniers, du transport, etc. », affirme celle qui a également officié en tant qu’économiste senior à la Banque mondiale.
Spécialiste de l’agroéconomie, elle accorde beaucoup d’importance au terrain.
Modèle
Depuis la création de la Bourse d’Addis-Abeba, des représentants d’au moins 18 pays africains sont venus s’inspirer de ce modèle. C’est ce défilé de visiteurs de haut niveau qui a donné des idées à Eleni Gabre-Madhin : sa société veut ainsi apporter aux pays dotés de potentiels agricole et minier des projets de création de Bourses, ainsi que le financement et l’expertise nécessaires à leur démarrage. Ces places seront le fruit de partenariats public-privé dans lesquels les parties prenantes auront des intérêts commerciaux. Selon la patronne éthiopienne, qui dit être en discussions avancées dans une douzaine de pays, « c’est une condition nécessaire pour que les institutions ainsi créées soient soutenables et durables ».
Le financement indispensable au démarrage d’Eleni étant en cours de bouclage, sa fondatrice se garde de communiquer pour l’heure le nom des actionnaires, mais elle assure avoir le soutien d’institutions internationales actives dans le domaine des marchés financiers et boursiers. En 2008, pour le lancement de l’ECX, elle avait obtenu un appui de 24 millions de dollars (plus de 15 millions d’euros à l’époque) de plusieurs bailleurs de fonds, parmi lesquels la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et l’Agence canadienne de développement international.
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