Jean-Philippe Prosper : « Améliorer le climat des affaires est à la portée des États africains »
Présent à Genève pour la troisième édition de l’Africa CEO Forum, Jean-Philippe Prosper, vice-président de la Société financière internationale (IFC), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, est revenu pour « Jeune Afrique » sur les réformes que doivent mener les États africains pour améliorer le climat des affaires.
Plusieurs pays africains ont effectué des progrès remarquables au cours des dernières années dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale, on peut citer par exemple le Rwanda, le Kenya et la Côte d’Ivoire récemment. Quels sont, selon vous, les raisons de ce succès ?
Les réformes nécessaires pour améliorer le climat des affaires et des investissements dans un pays ne sont pas extraordinaires ou hors de portée. Ce qu’il faut, c’est un engagement très sérieux de la part des dirigeants.
Qui dit réforme implique que des intérêts soient lésés. Prenez le cas de la création d’entreprise. Si un État décide de réduire les étapes et les démarches nécessaires pour créer une société, les intermédiaires qui bénéficiaient de cette situation et dont le rôle risque d’être supprimé ont toutes les raisons de s’opposer aux changements annoncés. Pour contrer cela, il faut du courage, de la détermination et des engagements clairs.
>>>> Daniel Kablan Duncan : « La Côte d’Ivoire vise le top 50 du classement ‘Doing Business’ »
Il est souvent reproché au rapport « Doing Business » de ne pas réfleter l’évolution réelle du climat des affaires et de surestimer l’impact des réformes engagées. Comprenez-vous ces critiques ?
La réalité contredit de telles affirmations. Je vous donne un exemple : grâce aux réformes engagées au Kenya pour faciliter la création d’une entreprise, le nombre de sociétés formellement enregistrées a bondi de 6 000 à 180 000 entre 2004 et 2007 ! L’impact sur l’économie est réel. D’un, ces compagnies formelles paient désormais leurs impôts, ce qui est un point positif pour les finances publiques. De deux, elles peuvent obtenir des crédits beaucoup plus facilement que les entreprises du secteur informel, ce qui leur permet de se développer plus rapidement.
IFC est d’ailleurs très impliqué aux côtés des États qui souhaitent réaliser de telles réformes. Nous offrons notre assistance technique et nos experts se déplacent sur le terrain pour collaborer avec ceux des gouvernements africains.
Quelles sont les priorités d’IFC en Afrique cette année ?
Nous continuerons à participer à l’amélioration du climat des affaires sur le continent. Et nous allons poursuivre nos investissements dans l’amélioration de l’accès au financement pour les PME, l’agro-industrie et les infrastructures. Nous allons investir en moyenne un milliard de dollars par an dans le secteur de l’énergie en Afrique subsaharienne durant les trois prochaines années.
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