L’Africa CEO Forum s’ouvre dans un climat économique incertain
Le coup d’envoi de l’Africa CEO Forum, qui réunit les principaux acteurs du secteur privé en Afrique, a été donné. Avec des interrogations sur les vents contraires qui s’annoncent sur les économies africaines.
La troisième édition de l’Africa CEO Forum s’est ouverte le 16 mars matin à Genève, à 9h heure locale. Pendant deux jours, environ 800 chefs d’entreprises africains ou internationaux opérants en Afrique, banquiers, avocats, consultants vont échanger, débattre et discuter affaires à l’Intercontinental de Genève.
Dans leurs discours d’ouverture, Amir Ben Yahmed, vice-président du Groupe Jeune Afrique, et Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement, tous deux co-organisateurs du forum, se sont interrogés sur les difficultés économiques récentes que connaît l’Afrique.
« Ebola, crises qui se répètent, prix du pétrole qui baisse… La période faste est-elle terminée en Afrique ? », s’est interrogé Donald Kaberuka, ajoutant que les questionnements actuels lui donnaient un sentiment de « déjà-vu ». « En 2008 et 2009, en pleine crise financière internationale, on me demandait si c’était la fin pour l’Afrique. Nous avons fait ce que nous avions à faire et l’Afrique s’en est très bien sortie », a ajouté le Rwandais qui quittera bientôt ses fonctions.
Déficit croissant
Amir Ben Yahmed a rappelé les progrès réalisés par l’Afrique depuis 10 ans tout en insistant sur les défis actuels : l’augmentation des déficits budgétaires de 0% du PIB à 5,1% du PIB durant les cinq dernières années ; le ratio dette/PIB passé de 28 % à 39 % sur la même période ; et la baisse des revenus gouvernementaux estimés à 70 milliards de dollars (sur un total de 600 milliards chaque année) en raison de la baisse des cours du pétrole et de nombreux minerais.
Le vice-président du Groupe Jeune Afrique a aussi insisté sur ce qui sera l’un des autres temps forts de l’Africa CEO Forum : le climat des affaires. En 2015, 34 pays africains figurent parmi les 50 derniers pays classés au Doing Business. Et seulement trois dans les 50 premiers : Maurice, Rwanda et l’Afrique du Sud.
« Une transformation radicale est nécessaire et elle peut se faire rapidement, a ajouté Amir Ben Yahmed. L’ancien Premier ministre de Géorgie sera d’ailleurs ici demain pour témoigner de la manière dont son pays, en six ans, est passé de la 98ème place à la 9ème. »
Côte d’Ivoire et Tunisie
Se disant « aussi optimiste hier qu’aujourd’hui », Donald Kaberuka a aussi évoqué les groupes terroristes au Nigeria et en Somalie qui constituent « de gros problèmes pour les perspectives de développement de l’Afrique », appelant à traiter simultanément le problème terroriste et le terreau social qui permet parfois à ces groupes de se développer.
Sur une note plus positive, le président de la BAD a cité les cas de la Côte d’Ivoire (montrant des images du 3ème pont à Abidjan) et de la Tunisie pour saluer les progrès accomplis.
Par Frédéric Maury, envoyé spécial à Genève
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