Guinée Équatoriale : Malabo contre Boko Haram
Face aux terroristes nigérians, Teodoro Obiang Nguema souhaite s’imposer comme le garant financier de la sécurité régionale. L’occasion de se rendre incontournable à un an de la présidentielle.
La tournée de Denis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo entamée fin février afin d’inciter les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale à collaborer dans la lutte contre Boko Haram a porté ses fruits. Dans une missive envoyée à Malabo le 24 mars, le président tchadien, Idriss Déby Itno, a demandé à son homologue équato-guinéen d’organiser un sommet sur la sécurité dans son île-capitale.
Jusque-là épargnée par le terrorisme et les coûts qu’il engendre, la Guinée équatoriale sera bientôt le seul pays de la région à pouvoir financer un tel sommet. Cette réunion, qui pourrait avoir lieu entre le 8 et le 15 avril, réunirait les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
>> A lire aussi : Boko Haram : l’heure de la coopération régionale a-t-elle enfin sonné ?
La menace que fait peser Boko Haram sur la région est prise au sérieux par Obiang Nguema : "Préparez-vous pour être en mesure de les repousser", a-t-il demandé le 19 mars en passant ses troupes en revue, près de Malabo. Le pays est pourtant loin des affrontements, dans le nord du Nigeria.
Mais à un an de l’élection présidentielle, le chef de l’État veut s’imposer comme le garant (au moins financier) de la sécurité nationale, voire régionale. D’autant que la situation sociale locale est difficile. Le 25 mars, les étudiants de l’Université nationale, à Malabo, ont ainsi manifesté leur soutien aux jeunes toujours détenus après les incidents qui ont émaillé un match de la Coupe d’Afrique des nations, en janvier. RETOUR.
Ce contexte donne des ailes aux adversaires du président. Le 18 mars, trois partis se sont alliés au sein du Front d’opposition démocratique. De son côté, la Coalition d’opposition pour la restauration d’un État démocratique, qui regroupe des formations en exil, a affirmé qu’elle présenterait un candidat à la présidentielle de 2016.
Pour compléter le tableau, il ne manquait plus que le retour médiatique de l’opposant historique Severo Moto. Dix ans après sa condamnation par contumace pour tentative de coup d’État, celui-ci a multiplié les allers-retours entre Madrid, où il réside, et Paris, affirmant : "Nous demandons un dialogue. Cela fait quarante-sept ans que le pays est indépendant, mais nous ne sommes toujours pas libres !"
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