Football : l’extraordinaire jackpot des clubs de Premier League

Il a l’accent cockney et tape dans un ballon rond. L’augmentation vertigineuse des droits versés par les diffuseurs va changer la donne européenne. Au profit de la Premier League.

Des fans protestent contre l’accord conclu entre la ligue et les diffuseurs. © CLIVE ROSE / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images/AFP

Des fans protestent contre l’accord conclu entre la ligue et les diffuseurs. © CLIVE ROSE / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images/AFP

Alexis Billebault

Publié le 17 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Les clubs anglais étaient déjà riches. "À partir de 2016, ils seront très riches", résume Jean-Louis Triaud, le président des Girondins de Bordeaux, l’un des meilleurs clubs français. L’accord concernant les droits télé pour la période 2016-2019 conclu entre la ligue anglaise et les diffuseurs Sky News, une chaîne d’information en continu, et BT Group (ex-British Telecom) fait déjà des jaloux partout en Europe, de la Liga espagnole à la Bundesliga allemande en passant par la Ligue 1 française et la Serie A italienne.

Trois ans durant, les vingt clubs de Premier League vont se partager 2,3 milliards d’euros par an, plus 900 millions de droits télé internationaux – 70 % d’augmentation par rapport à la période 2013-2016. Cela met, pour les diffuseurs, le coût moyen de la retransmission d’un match à 13,7 millions d’euros. Concrètement, chaque club va empocher 120 millions d’euros par an, puisque le système anglais – cas unique en Europe – est égalitaire. À titre de comparaison, le Paris SG, s’il venait à être une nouvelle fois champion de France en 2016-2017, ne toucherait "que" 45 millions d’euros…

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Augmentations de salaire

Les autres grands ­d’Europe restent à distance respectueuse. Le montant des droits télé est de 960 millions d’euros en Italie, de 750 millions en Espagne (le FC Barcelone et le Real Madrid captent à eux seuls entre 70 % et 80 % de cette somme), de 748 millions en France et de 675 millions en Allemagne. Il contribuera à installer durablement huit clubs anglais dans les dix premières places du palmarès planétaire.

Même les clubs relégués en Championship, la Ligue 2 anglaise, sont assurés de toucher 84 millions d’euros par an pendant quatre saisons ! "La Premier League va devenir encore plus attractive, explique l’international guinéen Ibrahima Traoré, qui joue au Borussia Mönchengladbach (Allemagne). Les salaires proposés par ses clubs vont encore augmenter. Et il sera encore plus facile pour eux d’attirer les meilleurs joueurs du monde. Seuls des clubs comme le Bayern Munich, le Real Madrid, le FC Barcelone ou le PSG pourront soutenir la comparaison."

L’afflux prévisible de joueurs étrangers inquiète fort les supporters de la sélection nationale anglaise, dont le premier – et dernier – titre remonte à la Coupe du monde 1966.

Les difficultés financières auxquelles de nombreux clubs européens sont confrontés les obligeront sans doute à brader leurs joueurs pour maintenir leur train de vie. "Il est déjà difficile de refuser une offre anglaise. Alors, on peut supposer que, demain, un club n’hésitera pas à accepter une décote de 20 % ou 30 % pour vendre à un club de Premier League", estime Alain Gauci, un agent de joueurs qui travaille notamment avec des internationaux africains comme le Congolais de RD Congo Jérémy Bokila (Terek Grozny, Russie).

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"Mais on peut aussi espérer vendre plus cher si une équipe anglaise tient coûte que coûte à acquérir tel ou tel joueur", nuance Triaud. La situation est sans doute un peu différente en Allemagne, où les clubs sont financièrement sains. "Cela permettra à certains d’entre eux de ne pas vendre en dessous du prix du marché", estime Traoré.

Quel avenir pour les centres de formation ?

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Mais la nouvelle puissance financière des équipes anglaises soulève bien d’autres questions, comme celle de l’avenir des centres de formation, notamment français. "La formation en France étant une référence, je crains que les Britanniques n’entreprennent de piller nos centres", s’inquiète Triaud. Inquiétude partagée par Gauci, qui voit néanmoins un aspect positif à ce phénomène : "Ils vont en effet pouvoir beaucoup acheter, mais ne pourront quand même pas s’offrir la terre entière. Cela permettra à certains clubs de lancer plus vite leurs jeunes issus des centres de formation et de les valoriser, comme le fait Lyon depuis un an ou deux."

Et puis, l’afflux prévisible de joueurs étrangers inquiète fort les supporters de la sélection nationale anglaise, dont le premier – et dernier – titre remonte à la Coupe du monde 1966. À une époque où tous les foyers britanniques n’étaient pas encore équipés d’une télévision !

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