Maroc : Bassima Hakkaoui, l’antiféministe devenue ministre
Seule femme du gouvernement, elle se bat bec et ongles contre les tenants d’une émancipation totale.
Depuis janvier 2012, elle est la seule femme membre de plein exercice du gouvernement Benkirane, titulaire d’un portefeuille à rallonge (ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social).
Les islamistes tenaient à avoir ce ministère symbolique, que leurs partenaires de janvier 2012, comme d’octobre 2013, leur ont abandonné. Fin 2013, Hakkaoui a été rejointe par cinq autres femmes, mais toutes sont déléguées et sous l’autorité d’un homme. Hakkaoui elle-même est parfois contredite par ses propres camarades du Parti de la justice et du développement (PJD).
Elle dit se battre contre les clichés, y compris ceux sur les femmes en djellaba, la tenue qu’elle portait le jour de sa nomination par le roi.Ce qui lui avait valu les railleries de la "haute société". Qu’elle méprise. Ses galons, elle les a gagnés en tant que parlementaire, élue sans discontinuer à la Chambre des représentants depuis 2002.
>> Lire aussi : au Maroc, être une femme libérée, c’est pas si facile
Elle coordonne le travail des femmes au sein du PJD. Psychologue sociale, elle est à l’image de cette élite du PJD : multidiplômée, élue et pieuse. Son voile détonne dans les réunions internationales, où le Maroc était souvent représenté par des femmes aux cheveux découverts. "Récemment, elle s’est vexée de n’être pas applaudie lors d’une réunion du Conseil des droits de l’homme. Elle était convaincue que c’était à cause de son voile", glisse une militante féministe.
De son côté, Bassima Hakkaoui met en avant son travail, notamment son plan Ikram pour faire avancer les droits des femmes. La terminologie Ikram (que l’on peut traduire par "hommage" ou "considération") agace les modernistes, qui y voient de la condescendance. Hakkaoui n’est pas leur amie, elle a même longtemps été leur meilleure rivale, en pointe dans la lutte contre le projet de Moudawana.
Certains se souviennent l’avoir vue en pleurs lors du vote du code de la famille. Aujourd’hui, cette militante sociale ne laisse aucun répit à ses opposantes. La revanche est un moteur en politique.
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