Rabibochage de raison entre la France et le Maroc
Aux niveaux sécuritaire et économique, cela devenait urgent !
"Nous entendons travailler sur un pied d’égalité. Face aux défis communs qui nous attendent, l’amitié franco-marocaine n’est pas seulement une nécessité, c’est une grande chance." Cette déclaration de Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, au journal officieux marocain Le Matin, lors de sa visite au royaume les 9 et 10 mars, est perçue par Rabat comme une victoire. Après un an de brouille, le Maroc a obtenu ce qu’il cherchait : un traitement d’égal à égal.
Car même si les Marocains ne le disent pas ouvertement, c’est le manque de considération du gouvernement socialiste pour eux et leur système judiciaire qui les a le plus offensés. S’est ensuivie une crise politique entre les deux pays qui a conduit à une stagnation des relations économiques. Dans les cercles diplomatiques marocains, on confie que l’amitié exemplaire pour la France, jadis de l’ordre de l’acquis, est désormais "clarifiée".
>> Lire aussi : Maroc-France, chronique d’une crise de confiance
Un communiqué commun qui s’apparente à un pacte d’honneur
Le 9 mars, les deux parties ont publié un communiqué commun en douze points qui s’apparente à un pacte d’honneur. En clair, la relation bilatérale sera plus directe et plus équilibrée. D’un côté, le Maroc s’affirme en tant que puissance régionale dotée d’un système sécuritaire performant. Mais de l’autre, le royaume a tout autant besoin que la France d’une collaboration bilatérale dans le domaine du renseignement.
Les effets d’une année de rupture entre les deux pays se sont d’ailleurs fait sentir lors des attentats de Paris, du 7 au 9 janvier. À tel point que le gouvernement Valls, dans un geste inattendu, a annoncé qu’Abdellatif Hammouchi, le patron du renseignement marocain, qui avait failli être entendu par la justice française après le dépôt de trois plaintes pour "complicité de torture", serait élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur le 14 juillet. Une remise de décoration qui s’inscrit en réalité dans la suite logique de la précédente, celle de chevalier, décernée sous Nicolas Sarkozy.
La prochaine étape de la réconciliation sera l’adoption, ce premier semestre, par les deux Parlements du protocole additionnel à la convention judiciaire signée le 8 février. Il n’a pas encore franchi le premier cap – les conseils de gouvernement des deux pays -, mais doit arriver très vite chez les députés. Parallèlement, on assiste à un ballet de ministres entre Rabat et Paris pour préparer la deuxième rencontre de haut niveau entre les deux pays, prévue fin mai ou début juin dans le but de fixer une nouvelle feuille de route d’ici à 2017. Si tout va bien…
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