Yémen : les adversaires du président Hadi progressent vers Aden
Les miliciens chiites Houthis ont pris dimanche l’aéroport de Taëz, ville qui commande la voie vers Aden, dans le sud du Yémen, où est retranché le président. Réuni à New-York, le Conseil de sécurité doit traiter la situation préoccupante de ce pays du sud de la Péninsule arabique.
Des milliers de personnes ont protesté dans les rues de Taëz contre la présence de ces miliciens, qui ont tiré à balles réelles tuant un manifestant et en blessant cinq autres, selon des activistes.
En outre, six membres de tribus ont été tués dans des combats à Al-Qania, une localité de la province de Mareb, à l’est de Sanaa, où ils s’opposaient à une avancée des Houthis, a indiqué une source tribale faisant état de la mort d’une trentaine de miliciens chiites, un bilan impossible de vérifier de source indépendante.
Les Houthis, qui cherchent à étendre leur influence vers le sud après avoir renforcé leur emprise sur la capitale Sanaa et le nord, sont soutenus par l’Iran chiite.
Le président Abd Rabbo Mansour Hadi est pour sa part appuyé par les monarchies sunnites du Golfe, dont l’Arabie saoudite.
Les événements se sont précipités avec des combats jeudi à Aden entre partisans et adversaires de M. Hadi au sein des forces de sécurité et une série d’attentats-suicide anti-Houthis vendredi à Sanaa (142 morts). Les Etats-Unis ont évacué leur personnel encore dans le pays, dont des militaires.
Les protagonistes du conflit yéménite ont battu le rappel de leurs troupes après le blocage du dialogue national parrainé par l’émissaire de l’ONU Jamal Benomar, parti pour Ryad.
Le Haut comité révolutionnaire, instance suprême des Houthis, a appelé samedi à "la mobilisation générale" et décidé de "superviser les forces armées et de sécurité". M. Hadi a appelé l’armée à "refuser toute directive émanant de Sanaa", et promis de tout faire pour que "le drapeau de la République du Yémen flotte sur les montagnes de Maran (bastion des Houthis à Saada, NDLR), et non pas le drapeau iranien".
Mais les Houthis, forts du soutien de militaires restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh (au pouvoir de 1978 à 2012), semblent décidés à avancer vers Aden, prenant dimanche l’aéroport de Taëz.
Taëz, troisième plus grosse ville du pays, commande la route vers Aden, où est retranché M. Hadi depuis sa fuite en février de Sanaa où il était assigné à résidence par les Houthis.
La conquête de Taëz permettrait aux Houthis d’avancer aussi vers le détroit stratégique de Bab al-Mendeb, à l’embouchure du Golfe d’Aden et de la mer Rouge, une importante voie maritime pour le commerce international.
Quelque 300 Houthis en tenue militaire et des soldats se sont déployés dans l’enceinte de l’aéroport. Des renforts étaient en route en provenance de Sanaa, à 250 km au nord, a précisé à l’AFP une source aéroportuaire.
"Ces soldats sont partisans de l’ancien président Saleh" qui, trois ans après son départ du pouvoir sous la pression de la rue, reste influent au sein de différents corps d’armée, a expliqué à l’AFP une source militaire.
A Taëz, des miliciens Houthis ont patrouillé dans certains quartiers et établi des postes de contrôle à Naqil al-Ibel et al-Rahida, deux localités situées respectivement à 30 km et 80 km au sud, ont indiqué à l’AFP des sources tribales.
Face à la progression des Houthis, les forces loyales au président Hadi, soutenues par des tribus et des membres des "comités populaires" (supplétifs de l’armée), se sont employées à renforcer les défenses autour d’Aden, selon des sources de sécurité et militaire.
Ces forces établissaient notamment une ceinture de sécurité à la périphérie de la capitale du sud, où des soldats, "soutenus par une quarantaine de chars de combat, ont été déployés", a déclaré à l’AFP une source militaire.
Le Conseil de sécurité de l’ONU devait se réunir d’urgence dimanche à New York pour évoquer la dégradation de la situation au Yémen, au bord d’une guerre civile à caractère confessionnel.
Les attentats de Sanaa ont été revendiqués par le groupe Etat islamique, peu visible jusqu’ici au Yémen et qui vient ainsi défier Al-Qaïda avec une surenchère anti-chiite.
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