Les monarchies du Golfe promettent 12 milliards de dollars à l’Égypte

L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït ont promis vendredi douze milliards de dollars d’aides à l’Égypte lors d’une conférence économique destinée à renforcer la stature du président Abdel Fattah al-Sissi, qui s’affiche en champion de la lutte antiterroriste.

Le président égyptien entouré des participants à la conférence du 13 mars à Charm el-Cheikh © AFP

Le président égyptien entouré des participants à la conférence du 13 mars à Charm el-Cheikh © AFP

Publié le 14 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Les États-Unis, en revanche, représentés à cette réunion de Charm-el-Cheikh par le secrétaire d’État John Kerry, sont venus les mains vides et se sont contentés d’affirmer leur "engagement" pour la "sécurité" et la "prospérité" de leur allié militaire arabe avec lequel les relations sont tumultueuses.

Se succédant à la tribune, l’émir du Koweït cheikh Sabah al-Ahmed Al-Sabah, le prince héritier saoudien Moqren ben Abdel Aziz et le vice-président et Premier ministre émirati Mohammad ben Rachid al-Maktoum ont annoncé chacun quatre milliards de dollars pour Le Caire, l’essentiel en investissements et trois milliards en dépôts à la banque centrale. M. Sissi était tout sourire en recevant ses alliés arabes à l’ouverture de cette ambitieuse conférence qui se tient jusqu’à dimanche, dans la station balnéaire de la mer Rouge, afin d’attirer des capitaux étrangers. Il s’agit pour le chef de l’État égyptien de relancer une économie secouée par quatre années d’instabilité politique depuis la révolte qui chassa en 2011 Hosni Moubarak du pouvoir.

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La présence de 100 pays — dont les puissances du Golfe, des États africains et européens et la Chine — donne à la réunion de Charm-el-Cheikh une forte coloration diplomatique, censée renforcer l’influence de M. Sissi sur la scène internationale. Car même s’il réprime violemment toute opposition, Abdel Fattah al-Sissi demeure un allié incontournable pour les occidentaux dans le monde arabe, où le groupe État islamique (EI) grignote du terrain en Égypte et en Libye, après avoir conquis des territoires en Syrie et en Irak.

Avant la conférence, John Kerry s’est d’ailleurs entretenu avec le président égyptien des efforts de guerre de la coalition contre l’EI, de la Libye et de la Syrie. MM. Sissi et Kerry ont aussi eu une réunion quadripartite avec le président palestinien Mahmoud Abbas et le roi Abdallah II de Jordanie sur le conflit israélo-palestinien.

Pas d’aide américaine 

Mais Washington n’a fait aucune annonce nouvelle d’aide au Caire, pas même le déblocage attendu d’une dernière enveloppe d’assistance militaire de 650 millions de dollars. Les États-Unis allouent en principe chaque année 1,5 milliard de dollars d’aide à l’Égypte, dont 1,3 milliard dans le domaine militaire. Mais une partie avait été gelée après la destitution par l’armée du président Mohamed Morsi en 2013 et conditionnée à des réformes démocratiques. Depuis, des hélicoptères de guerre Apache ont toutefois été livrés pour appuyer Le Caire dans sa lutte contre les jihadistes dans le Sinaï.

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Dans un discours exceptionnellement bref et terne, relégué à la 15e place dans l’ordre des intervenants, M. Kerry, visiblement irrité, s’est borné à "promettre le plein engagement des États-Unis pour la sécurité, la prospérité et la paix que désirent et que méritent les Égyptiens". Plus tôt, devant des chefs d’entreprises des deux pays, il avait assuré de la volonté des États-Unis "d’être le catalyseur du développement économique de l’Égypte".

Mais comme pour illustrer le dilemme de l’Amérique à l’égard de son allié arabe, il a dit aussi "espérer voir davantage de progrès dans la réalisation des aspirations démocratiques du peuple égyptien". Comme d’autres capitales occidentales, Washington s’émeut régulièrement de la sanglante répression que Le Caire mène contre les partisans de M. Morsi. Mais les États-Unis n’ont jamais qualifié son renversement de coup d’État et ont vite reconnu qu’ils ne pouvaient pas bouder le plus peuplé et le mieux armé des pays arabes face aux jihadistes.

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M. Sissi réclame la formation d’une force arabe pour juguler cette menace islamiste armée, ce qui sera au menu du sommet de la Ligue arabe fin mars. Il a récemment indiqué que l’Arabie saoudite, le Koweït, les Emirats arabes Unis et la Jordanie pourraient s’impliquer dans ce projet. Dans son pays, ses objectifs de stabilité et de sécurité pourraient être contrariés par les attentats revendiqués quasi quotidiennement par des jihadistes et visant la police et l’armée en représailles, selon eux, à la répression anti-islamiste. Les plus meurtriers sont revendiqués par la branche égyptienne de l’EI, dont le nord-Sinaï est le bastion.

Soldats et policiers égyptiens ont tué plus de 1.400 partisans de Morsi depuis 2013 et emprisonné plus de 15.000 sympathisants islamistes. L’ONU et les Éats-Unis ont maintes fois dénoncé les "procès de masse expéditifs" au terme desquels des centaines d’opposants pro-Morsi ont été condamnés à mort.

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