Présidentielle nigériane : Buhari en tête dans le Nord, suspense avant la proclamation des résultats

Les résultats complets, et toujours provisoires, ne seront annoncés, au mieux, que dans le courant de la journée. Mais d’ores et déjà, les premières annonces font état d’une avance du candidat de l’opposition, Muhammadu Buhari, dans le Nord. Goodluck Jonathan devra compter, comme prévu, sur ses bastions du Sud.

Affiches électorales au Nigeria. © Jerome Delay/AP

Affiches électorales au Nigeria. © Jerome Delay/AP

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Publié le 31 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Le candidat de l’opposition nigériane, Muhammadu Buhari, largement plébiscité dans le Nord, sa région d’origine, et le président sortant, Goodluck Jonathan, étaient lundi soir au coude-à-coude pour la présidentielle.

Où en sont les résultats ?

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Selon les premiers résultats officiels dans 18 des 36 États et dans la capitale fédérale, annoncés lundi soir par des délégués de la Commission électorale indépendante (Inec), Buhari est donné vainqueur dans dix États, tandis que le président Jonathan remporteraient le scrutin dans huit ainsi que dans la capitale fédérale.

Muhammadu Buhari, maintient ainsi ses assises dans le nord du pays, notamment dans l’État de Katsina, dont il est originaire, où sa formation est loin devant les autres partis, avec plus d’1,3 million de voix. Son parti, la coalition du Congrès progressiste (APC) remporte également la majorité des suffrages dans l’Adamawa et les États de Kano, de Kaduna et de Jigawa.

Muhammadu Buhari a notamment devancé son rival de 1,7 million de voix dans l’État de Kano, le plus peuplé du nord du pays et cible principal des attentats de Boko Haram. Même s’il est crédité provisoirement d’une avance de deux millions de voix, il lui faudra éviter tout triomphalisme avant la proclamation officielle et complète des résultats, qui pourrait intervenir dans la journée de mardi, selon l’Inec. Goodluck Jonathan bénéficie en effet d’importants soutiens dans ses fiefs du Sud chrétien.

Son parti, le PDP (Parti démocratique populaire), est majoritaires dans les États d’Ekiti, d’Abia, d’Anamba, de Nasarawa ou encore d’Enugu. L’annonce des résultats de cette présidentielle, la plus serrée de l’histoire du Nigeria, a été interrompue vers 22h30 GMT et doit reprendre mardi à 09h00 GMT.

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>> Lire aussi : "Nigeria : vote jugé "démocratique" par l’UA, mais le dépouillement reste sujet à caution"

Les violences sont-elles à craindre ?

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Des violences ont commencé à éclater dès dimanche, dans l’État de Rivers (Sud), où le Congrès progressiste (APC) de Muhammadu Buhari accuse l’Inec et le Parti démocratique populaire (PDP) de Goodluck Jonathan de fraudes électorales. À la suite d’une manifestation de plusieurs milliers de personnes dimanche, 2 000 militants de l’APC, réunis lundi matin devant l’Inec à Port-Harcourt, la capitale de Rivers, pour réclamer la tenue de nouvelles élections, ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène. Les marches de protestations se sont poursuivies tout au long de la journée de lundi, jusqu’à l’instauration d’un couvre-feu pour la nuit.

Le président de l’Inec, Attahiru Jega, a promis qu’il examinerait toutes les plaintes mais d’autres violences sont redoutées à l’annonce des résultats. À Kaduna, grande ville du centre submergée par les violences entre chrétiens et musulmans lors du scrutin de 2011, "les gens ont peur", confie une commerçante à un journaliste de l’AFP, Elizabeth Anthony. "Si le président Jonathan est déclaré vainqueur, et non le général Buhari (…) je peux vous dire que Kaduna va s’embraser à nouveau", a prévenu lundi Awwal Abdullahi Aliyu, le président de l’Union pour l’unité du peuple du Nord et la réconciliation.

Faut-il craindre une manipulation des résultats ?

Washington et Londres ont fait part de leur inquiétude au sujet de possibles interférences politiques dans le décompte des voix au niveau régional. Le secrétaire d’État américain John Kerry et le secrétaire au Foreign Office britannique Philip Hammond ont estimé qu’il n’y avait pas eu pour le moment de manipulation systématique du processus électoral, mais craignent que le comptage des voix puisse être perturbé par des "interférences politiques délibérées", notamment au niveau des bureaux régionaux.

"Ces craintes sont sans fondement et il n’y aucune preuve d’interférence politique", a rétorqué très rapidement la Commission électorale indépendante nigériane (Inec). Le porte-parole de campagne de Goodluck Jonathan, Femi Fani-Kayode, a quant à lui qualifié ces propos de balivernes absolues.

La mission d’observation des élections de l’Union Africaine (AUEOM) a également estimé lundi, dans ses observations préliminaires, que "le processus électoral a été globalement pacifique, durant les processus d’accréditation (vérification biométrique de l’identité des électeurs), mais aussi de vote et de décompte des bulletins de la présidentielle et des législatives de samedi et dimanche", selon un communiqué.

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