« Notre pays est plus fort que vous ! » : quand le peuple tunisien dit « non au terrorisme »
Plusieurs milliers de personnes ont défilé dimanche dans les rues de Tunis « contre le terrorisme », après l’attentat qui a touché le musée du Bardo, le 18 mars. Parmi elles, des dirigeants politiques et des chefs d’État étrangers, dont le président français François Hollande.
"Tunisie libre, terrorisme dehors", "Notre pays est plus fort que vous", ont scandé les milliers de manifestants de tous âges au milieu d’une mer de drapeaux tunisiens, dimanche 29 mars. Les autorités n’ont donné aucune estimation du nombre de participants à cette marche qui rappelait celle organisée en janvier après les attentats de Paris.
"Tous ces gens sont venus aujourd’hui dire ‘non au terrorisme’ et transmettre un message aux jihadistes : la Tunisie est intouchable !" a déclaré un manifestant, Tayea Chihaoui, venu spécialement de Sidi Bouzid. "Que ces terroristes aillent au diable et nous laissent vivre en paix", lançait de son côté Fadhila Lahmar, une sexagénaire.
>> Retrouvez notre dossier sur l’attentat du Bardo
Le parti islamiste Ennahdha et la puissante centrale syndicale UGTT avaient appelé les Tunisiens à participer en masse à la marche. Mais le Front populaire, principale formation d’opposition, avait annoncé qu’il la boycottrait, accusant d’"hypocrisie" certains participants, en une claire allusion aux membres d’Ennahdha. De nombreuses personnalités politiques de gauche accusent en effet le parti islamiste de s’être montré laxiste face à la montée du terrorisme lorsqu’il était au pouvoir, en libérant notamment des dizaines de jihadistes notoires emprisonnés du temps de Ben Ali.
Des dirigeants étrangers présents
Les manifestants ont été rejoints en milieu de journée par le chef de l’État tunisien, Béji Caïd Essebsi, et par ses homologues français, François Hollande, palestinien, Mahmoud Abbas, et gabonais, Ali Bongo Ondimba. Les chefs des gouvernements italien et algérien, Matteo Renzi et Abdelmalek Sellal, étaient également présents.
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"Un grand salut au peuple tunisien qui a prouvé qu’il ne cèderait pas au terrorisme. Merci à tous et je dis au peuple tunisien : ‘En avant ! Tu n’es pas seul’", a lancé Béji Caïd Essebsi, 88 ans, l’initiateur de la marche. Les dirigeants ont défilé sur une centaine de mètres dans une mêlée de responsables officiels et de journalistes, dans un périmètre complètement bouclé par des centaines de policiers munis d’armes automatiques. Des hélicoptères survolaient la zone tandis que des tireurs d’élite étaient également postés sur les toits.
Émotion et… rires
Le défilé officiel a longé l’enceinte où se trouvent le Parlement et le musée du Bardo. Puis une stèle en hommage aux 22 morts de l’attentat du 18 mars (21 touristes et un policier tunisien) a été inaugurée. Le nom de la quatrième victime française, une femme décédée la veille de la marche, a été rajouté au dernier moment sur le monument.
Dans un lapsus qui a provoqué l’hilarité, Béji Caïd Essebsi a évoqué "François Mitterrand", le chef de l’État français décédé en 1996, au lieu de remercier François Hollande. "Le terrorisme a voulu frapper un pays, la Tunisie, qui avait engagé le Printemps arabe et qui a eu un parcours exemplaire en matière de démocratie, de pluralisme", a déclaré ce dernier.
"Aujourd’hui nous sommes ici pour donner un message d’espoir (…). Nous désirons dire que la Tunisie n’est pas seule. Nous sommes ensemble à combattre le terrorisme", a dit de son côté Matteo Renzi.
L’Algérien Lokmane Abou Sakhr annoncé mort
Peu avant la marche, le Premier ministre Habib Essid avait annoncé la mort du chef du principal groupe armé jihadiste tunisien, l’Algérien Lokmane Abou Sakhr, accusé par Tunis d’avoir "dirigé" l’attaque contre le musée du Bardo. Neuf jihadistes "parmi les plus dangereux terroristes de Tunisie", membres de la Phalange Okba Ibn Nafaa, ont en tous été abattus dans la région de Gafsa (centre-ouest), selon le ministère de l’Intérieur.
Le ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli a précisé lors d’une conférence de presse qu’ils avaient été localisés puis abattus à un barrage alors qu’ils se déplaçaient en voiture.
Les autorités ont accusé le groupe Okba Ibn Nafaa, qui est lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d’être derrière l’attaque du musée bien que celle-ci ait été revendiquée par l’État islamique. Okba Ibn Nafaa est en outre tenu responsable de la mort de dizaines de policiers et militaires depuis décembre 2012.
(Avec AFP)
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