Algérie : le procès de l’autoroute Est-Ouest reporté

Le tribunal criminel d’Alger a décidé, mercredi, de reporter le procès de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest à une autre session. Explications.

Les autoroutes algériennes sont gérées par l’Agence nationale des autoroutes algériennes (ANA). © Sandervalya/Wiki Commons

Les autoroutes algériennes sont gérées par l’Agence nationale des autoroutes algériennes (ANA). © Sandervalya/Wiki Commons

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Publié le 25 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 27 mars 2015 à 10h50.

Le procès de l’affaire de corruption pour la construction de l’autoroute Est-Ouest, qui s’est ouvert mercredi 25 mars au tribunal criminel d’Alger, a été reporté à une prochaine session. Aucune date de reprise n’ayant été précisée, le procès, de ce qui pourrait devenir l’une des plus grosses affaires de corruption des quinze dernières années, pourrait se dérouler avant la fin de l’été, lors de la session de l’automne ou l’année prochaine.

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Ce report est justifié par l’absence de William Bourdon, avocat du principal accusé, Chani Medjdoub, qui est incarcéré sous le régime de la détention préventive depuis octobre 2009. Interrogé par le président du tribunal, il a expliqué que son avocat n’avait pas obtenu le visa des autorités algériennes pour se rendre à Alger.

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Un procès attendu

Dès le début de l’audience, des avocats de la défense ont récusé la constitution du Trésor public comme partie civile dans cette affaire. Ce qui avait donné lieu à des passes d’armes avec le procureur et la suspension de l’audition. "La constitution d’un agent judiciaire du Trésor public comme partie civile est une honte pour la justice de ce pays", s’est exclamé Maitre Miloud Brahimi, l’un des avocats des accusés. 

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La veille déjà, plusieurs avocats subodoraient d’un éventuel report de ce procès qui est par ailleurs très attendu par l’opinion publique algérienne en raison de l’importance du projet et des soupçons de corruption qui pèsent sur plusieurs hauts cadres de l’administration.

Seize personnes ainsi que six entreprises étrangères (Citic-CRCC (Chine), Cojaal (Japon), Isolux Corsan (Espagne), Pizarotti (Italie), Garanventas (Suisse) et Coba (Portugal)) sont poursuivies notamment pour "association de malfaiteurs, corruption, blanchiment d’argent, trafic d’influence et dilapidation de deniers publics" dans le cadre de la réalisation de cette autoroute longue de 1 216 km.

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Le "chantier du siècle"

Selon l’acte d’accusation, la réalisation de ce "chantier du siècle" a donné lieu à des versements de commissions et d’avantages en nature à des intermédiaires algériens et étrangers ainsi qu’à des cadres du ministère des Travaux publics et de l’Agence nationale des autoroutes (ANA).

Le nom de l’ancien ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, chargé de la réalisation de ce chantier avant de diriger le département des Transports, a été amplement cité dans la presse comme ayant été mêlé de près à ce scandale. Toutefois, pendant l’instruction qui aura duré presque trois ans, aucun avocat n’a réclamé sa traduction devant la justice. Devant les enquêteurs du DRS (Département du renseignement et de la sécurité – les services secrets), puis face au juge instructeur, un des accusés, Addou Ahmed Tajedine, homme d’affaires proche d’Ahmed Ghoul, soutenait que ce dernier a touché, via un de ses hommes de confiance, une commission de 1,25 % sur le contrat de 6,2 milliards de dollars accordé aux Chinois. Soit l’équivalent de 77,5 millions de dollars. Interrogé par écrit en septembre 2010, en qualité de témoin, par le juge d’instruction, Amar Ghoul a nié en bloc son implication dans ce dossier.

Confiée en 2006 au chinois Citic-CRCC et au japonais Cojaal, l’autoroute Est-Ouest a officiellement coûté au Trésor public 11,4 milliards de dollars (environ 9 milliards d’euros). Près de dix ans après son lancement, le projet n’a pas encore été totalement achevé alors que son coût a été réévalué à la hausse pour atteindre 13 milliards de dollars. Les travaux liés à la  partie du projet qui devait relier la ville d’Annaba à la frontière tunisienne ont été suspendus et le contrat avec Cojaal a été résilié par les autorités.

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Depuis que l’affaire a éclaté, différentes estimations ont été avancées pour quantifier le montant de ces commissions. On a notamment cité le chiffre de 900 millions de dollars, mais rien dans le dossier ne permet de l’étayer avec véracité.
L’enquête préliminaire a été confiée dès septembre 2009 au service de la police judiciaire du DRS qui est également à l’origine des enquêtes sur des délits de corruption présumée impliquant des dirigeants de Sonatrach, le groupe pétrolier public. Ouvert dimanche 15 mars au tribunal criminel d’Alger, le procès de cette affaire a été aussitôt reporté à une date ultérieure. Dix-neuf personnes dont Mohamed Meziane, ex-PDG du groupe, ses deux fils, huit de ses adjoints, un patron d’une filiale d’une entreprise allemande Contel Algérie Funkwerk sont poursuivis pour corruption, association de malfaiteurs et blanchiment d’argent.
 

 

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