Tendances : un PIB pour les coiffures

Selon de récentes estimations, les Africaines dépenseraient, chaque année, 7 milliards de dollars pour l’entretien de leur identité capillaire. Un budget qui pourrait davantage participer au développement du continent. Un budget que la mode “nappy” aimerait remettre en cause…

L’oeil de Glez. © Damien Glez

L’oeil de Glez. © Damien Glez

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Publié le 25 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

7, 304 milliards de dollars, c’était le Produit intérieur brut (PIB) du Niger en 2013. C’est aussi approximativement la somme annuelle que les coquettes africaines alloueraient aux shampoings, lotions, défrisants, extensions et autres substituts capillaires.

Un organisme basé à Londres, Euromonitor International, a tout d’abord évalué le budget “cheveux” de trois mastodontes du continent : l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Cameroun. Dans ces seuls trois pays, plus d’un milliard de dollars seraient consacrés à la création et l’entretien des coiffures. Après plusieurs recherches complémentaires de l’agence Reuters, au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, et après quelques extrapolations au moins aussi scientifiques que la fixation d’une perruque, il apparaît donc que la franche féminine dépenserait, sur la totalité des pays africains, des sommes équivalentes au PIB de certaines de ces nations.

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Le continent dont on répète à l’envi que les ressources de ses habitants sont limitées serait premier sur ce podium. Au regard du soin et des sous que les femmes consacrent à leurs sculptures capillaires, pas étonnant que les forces de l’ordre aient du mal, dans bien des pays, à imposer le port du casque. Après des heures passées dans un salon de coiffure et un portefeuille délesté, lorsqu’une Africaine exhibe sur son crâne une pièce montée digne de la première dame du Cameroun, la sécurité en circulation paraît bien dérisoire…

Nattes ou tresses, couchées ou lâchées, modèle "rasta" ou "patra", enroulage au fil de mèches naturelles ou artificielles, le marché de la coiffure n’est pas qu’une affaire de séduction ou d’expérience artistique. C’est un business monumental qu’ont reniflé bien des marques internationales de cosmétiques comme Unilever ou L’Oréal, notamment dans la partie australe du continent. Les multinationales y ont non seulement ouvert des salons de coiffure propices à la diffusion de la gamme de leurs produits, mais y ont développé la recherche sur les cheveux afro.

La mode nappy contre l’industrie du cheveu ?

Si la croissance économique enviable de l’Afrique et l’intégration progressive de la gent féminine dans le monde du travail laisse entrevoir un boom de ce secteur capillaire, la tendance fashion “nappy” freinera-t-elle la tendance économique ? Née au début du millénaire, aux Etats-Unis, cette mode promeut les cheveux au naturel, crépus ou frisés.

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"Stop aux lissages et aux perruques" est même devenu, pour certaines, un slogan militant. Pas sûr, pour autant, que la tendance dépasse le phénomène occidentalo-black. Les canons de beauté d’une Fatoumata malienne sont moins ceux des stars du RnB étasunien que ceux des telenovelas. Pas sûr, non plus, que la traque aux artifices réduise tant que ça les dépenses. Une “boule” afro – par ailleurs synonyme de longueur des cheveux – expose la crinière aux aléas du climat et de la pollution. Ce genre de “tignasse” nécessite, comme les dreads, un entretien fastidieux.

Parlez-en à l’humoriste franco-ivoirienne Claudia Tagbo qui évoque, dans un sketch, les efforts que requièrent les toisons crépues, lesquelles dégorge encore de l’eau, 48 heures après le shampoing. Pas sûr que la mévente des postiches signifierait le marasme du marché des pommades…

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