Braconnage : l’éléphant d’Afrique menacé de disparaître d’ici vingt ans
L’éléphant d’Afrique est menacé de disparition à l’état sauvage d’ici vingt ans, ont prévenu des experts réunis dans le cadre d’un sommet depuis lundi au Botswana afin de sauver l’espèce. Leurs défenses en ivoire sont de plus en plus prisées sur les marchés asiatiques.
Les éléphants d’Afrique pourraient disparaître à l’état sauvage d’ici dix à 20 ans si des mesures d’urgence ne sont pas prises immédiatement pour renverser la tendance. C’est la conclusion d’un vaste recensement dont les résultats ont été dévoilés lundi, à l’ouverture d’une conférence à Kasane au Botswana.
La menace qui pèse sur l’animal emblématique est bien réelle. Jusqu’à 30 000 individus sont abattus chaque année par des braconniers. Conséquence : le taux de mortalité surpasse le taux de natalité des éléphants, qui n’ont qu’un petit à la fois après une gestation de 21 mois.
"Dans cinq ans, il sera peut-être trop tard pour sauver cet animal magnifique", a déclaré Dune Ives, chercheuse à la fondation philanthropique Vulcan, devant des délégués d’une vingtaine d’ONG et de gouvernements. "Cette espèce, a-t-elle martelé, risque l’extinction dans le courant de notre vie si la tendance n’est pas inversée. (…) D’ici une à deux décennies."
Les chiffres dévoilés lors du sommet au Botswana, selon le dernier comptage. © Infogr.am
Le déclin est particulièrement marqué en Afrique de l’est, au Kenya et en Tanzanie.
>> A lire : RDC : trente éléphants tués en quinze jours par des braconniers dans le parc de la Garamba
Selon l’association Traffic, spécialisée dans la traque des exportations illégales d’espèces menacées, la plus grande partie de l’ivoire de contrebande quitte l’Afrique par les ports ou aéroports kényans et tanzaniens avant de transiter par la Malaisie, le Vietnam, les Philippines ou Hong-Kong à destination de la Chine et de la Thaïlande. Cet "or blanc" est ensuite transformé en bijoux ou objets d’art vendus à fort prix.
Schéma de distribution du trafic d’ivoire dans le commerce international. © J. Saeki, A. Leung/AFP
Un engagement politique ferme
"Au bout du compte, qu’on le veuille ou non, la solution et le résultat final sont entièrement entre les mains de la Chine", a noté le ministre botswanais du Tourisme et de la Vie sauvage, Tshekedi Khama. Durant une session à huis-clos, un délégué chinois a demandé qu’on arrête de placer son pays sur le banc des accusés alors que la Chine aide financièrement des pays africains à former des équipes anti-braconnage et renforce sa propre législation pour éradiquer le trafic illégal d’ivoire, ont rapporté des participants à l’AFP.
L’objectif de ce sommet est d’obtenir des engagements politiques fermes pour protéger les éléphants d’Afrique. Cette réunion est la deuxième conférence qui se tient au Botswana en deux ans. En 2014, une rencontre similaire avait eu lieu à Gaborone durant laquelle les États africains s’étaient engagés à mettre en place une série de mesures urgentes, dont la classification du braconnage en "crime grave" et "la lutte contre la corruption".
Du côté des ONG, certains représentants ont noté l’absence d’effets concrets sur le terrain. "Nous sommes au début (des efforts), tout ne va pas se faire en un an (…) mais nous allons dans la bonne direction", a nuancé Kelly Landen, représentante de l’ONG Elephants Sans Frontières.
>> Lire notre enquête : Braconnage en Afrique : éléphants sans défense
(Avec AFP)
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