Présidentielle burundaise : le parti au pouvoir se divise sur un troisième mandat de Nkurunziza
Au Burundi, le ton monte au sein du parti au pouvoir, entre les soutiens du chef de l’État, Pierre Nkurunziza, et ceux qui lui contestent le droit de briguer une nouvelle fois la présidence.
(Mis à jour le 25 mars à 10h52)
Sanctions ?
Le président du Conseil national pour la défense de la démocratie-forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), Pascal Nyabenda, a menacé mardi 24 mars de prendre des sanctions contre les frondeurs du parti au pouvoir. "Pourquoi nous les qualifions de gens qui veulent perturber l’ordre public ? Parce qu’à voir ce qui est prononcé, ce qui est dit par les partis de l’opposition et certaines associations de la société civile, nous ne voyons pas où se trouve la différence entre eux et ces associations et ces partis-là", a-t-il expliqué sur RFI.
Les sanctions iront de la suspension à une exclusion pure et simple du CNDD-FDD. Les membres du parti qui contestent au chef de l’État Pierre Nkurunziza (51 ans) le droit de briguer une nouvelle fois la présidence, pourraient également perdre leurs fonctions, que ce soit au gouvernement, dans l’administration ou encore leurs sièges de parlementaires.
Fronde
Depuis plusieurs semaines, l’opposition à un éventuel troisième mandat de Pierre Nkurunziza se fait de plus une plus forte. De hauts cadres de son parti lui ont demandé le 20 mars de "tenir compte des préoccupations d’une immense majorité des militants du CNDD-FDD en renonçant à se porter candidat au poste de président de la République pour la prochaine élection présidentielle". Léonidas Hatungimana, porte-parole du président de la République, Onésime Nduwimana et Geneviève Kanyange, respectivement porte-parole et présidente de la Ligue des femmes du parti, sont parmi les 18 hauts cadres ayant signé cette correspondance.
"Nous, les militants du CNDD-FDD chargés de diverses responsabilités au sein du parti et de la nation, nous nous sommes sentis interpellés pour sortir de notre silence, pour déclarer que nous nous alignons sur la position des membres du Conseil des Sages du CNDD-FDD, qui s’est inscrit en faux récemment contre un autre mandat présidentiel pour vous en 2015", ont-ils indiqué.
Réuni le 14 mars, l’instance suprême du parti s’était déjà opposée à son chef. Face notamment au refus du président de l’Assemblée nationale, Mohamed Rukara, de celui du Sénat, Pie Ntavyohanyuma, et du deuxième vice-président de la république, Gervais Rufyikiri, Pierre Nkurunziza a été contraint de mettre en place un comité interne chargé d’étudier la question de ce troisième mandat. Ces conclusions, attendues pour le 20 mars, n’ont toujours pas été communiquées. Ce qui n’augure rien de bon pour le chef de l’État qui a toujours assuré qu’il laisserait le parti choisir son candidat.
>> Lire aussi : Nkurunziza vers un troisième mandat ?
Avant eux, d’autres institutions, comme une partie du clergé catholique, ou des personnalités ont fait part de leurs réticences. En février, le collectif "Campagne citoyenne Halte au 3è mandat", lancé début janvier et qui regroupe 304 associations de la société civile, lui avait adressé une discrète lettre lui enjoignant de "s’abstenir de briguer un troisième mandat".
En avril 2014 déjà, Samantha Power, l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, avait fait passer le message au chef de l’État après une rencontre à Bujumbura. "Nous encourageons le respect de la Constitution et de l’État de droit", avait-elle déclaré.
Constitution
Bien décidé à concourir pour un troisième mandat, Nkurunziza ignore pour le moment ces oppositions. Élu en 2005 par le premier Parlement post-transition, le président estime n’avoir été élu qu’une seule fois au suffrage universel, en 2010, et qu’il peut donc se représenter cette année encore.
Le débat aurait pu être tranché définitivement en sa faveur en mars 2014, lorsque le gouvernement a présenté son projet de révision constitutionnelle devant un Parlement cantonné à jouer les chambres d’enregistrement depuis le retrait de l’opposition aux dernières élections. Mais l’amendement a été rejeté à une voix près, incitant Nkurunziza à tenter de passer en force.
La question doit être à nouveau abordée à l’occasion du Congrès du parti au pouvoir qui doit se tenir avant la fin du mois d’avril.
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