Forum social mondial – Alaa Talbi : « Les institutions restent fragiles en Tunisie »

Moins d’une semaine après l’attentat meurtrier du musée du Bardo, Tunis accueille du 24 au 28 mars le Forum social mondial. L’événement devrait réunir plus de 70 000 personnes.

Alaa Talbi est l’un des organisateurs du FSM 2015. © Profil Facebook/Alaa Talbi

Alaa Talbi est l’un des organisateurs du FSM 2015. © Profil Facebook/Alaa Talbi

Publié le 24 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

Le Forum Social Mondial (FSM) fait son retour en Tunisie, qui l’avait déjà accueilli en 2013. Mais le grand rendez-vous de l’altermondialisme se tient cette fois-ci dans un pays meurtri, après l’attaque sanglante du musée du Bardo, le 18 mars.

Alaa Talbi, directeur exécutif du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), est l’un des coordinateurs du Forum. Il est revenu sur l’organisation de l’événement et les conséquences de l’attentat sur la tenue du Forum.

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Jeune Afrique : L’attentat du 18 mars, qui a provoqué la mort de 21 personnes à Tunis, a-t-il bouleversé l’organisation du forum ?

Alaa Talbi : Nous avons gardé le même programme et nous n’avons pas eu à déplorer d’annulation. En revanche, nous avons volontairement modifié le trajet de la marche d’ouverture, qui se termine devant le musée du Bardo. Le slogan de l’évènement est également une réponse à l’attentat : "les peuples du monde unis pour la liberté, l’égalité, la justice sociale et la paix, en solidarité avec le peuple tunisien et toutes les victimes du terrorisme et des formes d’oppression".

De toutes façons, le terrorisme était déjà à l’ordre du jour du forum, car toute la région est concernée par le problème, qu’il s’agisse de la Tunisie, de l’Algérie, de la Libye ou bien encore du Mali. Le thème sera donc abordé, en lien avec d’autres problématiques comme la pauvreté ou la question des libertés.

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Quel signal souhaitez-vous envoyer avec ce forum ?

Il s’agit bien sûr de condamner fermement l’attentat et de riposter à cette violence. Mais ce forum est également un signal adressé au gouvernement, qui étudie actuellement une nouvelle loi contre le terrorisme. Car nous craignons que le combat contre le terrorisme soit détourné et empiète sur nos libertés civiles et nos droits, comme celui de manifester. La transition démocratique et les institutions restent fragiles en Tunisie. Nous comptons donc sur la société civile pour qu’elle reste vigilante, d’où l’importance de ce forum.

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Il s’agit également d’adresser un signal au gouvernement, qui doit entendre les demandes des mouvements sociaux. Chaque mois, il y a entre 100 et 130 manifestations en Tunisie. Les revendications sociales doivent être prises en compte, et ne doivent pas être constamment occultées.

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Plus de 70 000 personnes sont attendues pour le FSM. Les mesures de sécurité ont-elles été renforcées ?

La Tunisie n’en est pas à son premier Forum social mondial. En 2013, Chokri Belaïd (figure de la gauche et militant des droits de l’homme, nllr), avait été abattu quelques semaines avant la première édition du FSM. La sécurisation du forum a donc fait l’objet de nombreuses réunions avec les autorités, il y a déjà plusieurs mois. Depuis l’attentat du musée du Bardo, des mesures supplémentaires ont bien sûr été prises.

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