Technologies : la drague 3.0 débarque en Afrique

Internet a largement modifié les comportements sociaux dans le monde. Et l’Afrique n’est pas épargnée par ce vent technologique venu du Nord. Ainsi, après l’euphorie des rencontres 2.0 symbolisée par Facebook ou Meetic, une application de rencontres par géolocalisation, sur smartphone, fait entrer le continent dans la drague 3.0.

Tinder débarque timidement en Afrique. © Franziska Kraufmann / AP / SIPA

Tinder débarque timidement en Afrique. © Franziska Kraufmann / AP / SIPA

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 26 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

La drague 3.0 débarque silencieusement en Afrique. Les nouvelles applications de rencontre permettent de rencontrer des personnes qui se trouvent dans un rayon défini autour de soi, grâce à la géolocalisation de son téléphone portable. Tinder, premier outil du genre, a été lancé en septembre 2012 et a très vite séduit des millions d’utilisateurs aux États-Unis et en Europe.

Sur le continent, si Facebook reste la référence pour rencontrer l’âme soeur, les applications comme WhatsApp ou Viber sont déjà installées dans le quotidien des internautes. Dans cet univers hautement concurrentiel, Tinder, qui était destiné d’abord au marché occidental et y a connu un succès foudroyant, se fraye en douceur un chemin sur les millions de téléphones connectés en Afrique.

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Une affaire de grandes villes

Igor est rentré à Abidjan en décembre 2014, après ses études en France. Il ignore alors complètement que l’application téléchargée quelques mois auparavant à Paris pouvait le mener à de belles découvertes. "Un soir en pianotant sur mon téléphone, je tombe sur l’icône de Tinder. Je décide de lancer juste pour voir si ça marcherait", explique-t-il. L’outil lui propose alors une dizaine de profils correspondant à son critère de recherche dans un périmètre de 20 km. Commence alors "une aventure passionnante" faite d’échanges et de rendez-vous avec ses nouvelles amies.

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Captures d’écrans d’utilisateurs africains. © Montage / J.A.

En Afrique, le phénomène reste marginal et surtout cantonné à de grandes villes comme Dakar, Abidjan ou Nairobi (Kenya), où il existe notamment d’importantes communautés d’expatriés ou de binationaux. Dans un rayon de 50 km par exemple, Dakar affiche une centaine de profils, un peu moins que Nairobi et Abidjan. En Afrique du Sud où l’application est populaire, les classes sociales favorisées semblent plus concernées, comme l’explique un journaliste français sur place.

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Une fonctionnalité récente et payante de l’application est particulièrement prisée par les binationaux : la possibilité de choisir un lieu sans y être et ainsi rechercher les personnes autour. Assane, Franco-sénégalais de 27 ans qui séjourne en ce moment à Dakar avoue avoir essayé de trouver des personnes autour de Dakar quelques jours avant son séjour, pour préparer le terrain. "Je savais qu’il y aurait moins de personnes à Dakar comparativement à Paris, mais je me suis dit qu’il fallait jouer le jeu", explique-t-il. S’il n’a pas pu trouver (pour l’instant) l’amour dans son pays d’origine grâce à Tinder, il est heureux de s’être "facilement fait de nouveaux amis".

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De nombreux obstacles à la vulgarisation de Tinder

Si le phénomène touche particulièrement les personnes qui se déplacent entre l’Afrique et l’Occident, Tinder entre timidement dans les habitudes de quelques technophiles africains. Au Nigeria par exemple, un site internet a classé l’application parmi les cinq sites de rencontre les plus populaires du pays.

Pourtant installer Tinder peut s’avérer un véritable parcours du combattant, tant par la faiblesse des débits d’internet que par les difficultés inhérentes à un système initialement destiné aux marchés européens et américains. De nombreux utilisateurs signalent par exemple avoir eu des problèmes de réception du code d’activation. "J’ai dû patienter des heures pour installer l’application. Et quand j’ai pu le faire, le code envoyé était erroné. Il m’a fallu au moins trois jours pour réussir le processus", explique Brice, un jeune Ivoirien qui s’y est mis depuis quelques jours.

Pour l’heure, aucune initiative similaire n’est signalée sur le continent. Mais les spécialistes expliquent que la probabilité de voir éclore très prochainement des applications africaines est très forte. "Aujourd’hui, l’Afrique du Sud et le Kenya arrivent en tête des pays qui utilisent le plus Tinder en Afrique et il est fort possible que des startups s’activent en ce moment même pour lancer des applications adaptées à nos réalités", indique Aphtal Cissé, entrepreneur du web et des réseaux sociaux au Togo.

En attendant, l’accès internet à haut débit reste le principal frein à une utilisation généralisée d’une application de rencontre par géolocalisation. Ce type d’outil nécessite également des téléphones à processeurs adaptés, donc des appareils très chers à acquérir pour une grande partie des technophiles africains.

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