Guinée : ouverture d’une série de procès criminels à Nzérékoré

Deux procès se sont ouverts lundi 23 mars à Nzérékoré. Celui des drames de Womey, lors duquel des sensibilisateurs à Ebola avaient été massacrés, et celui des tueries intercommunautaires de Koulé et Beyla.

Une rue de Nzérékoré, en Guinée. © Marteen van der Bent/Flickr

Une rue de Nzérékoré, en Guinée. © Marteen van der Bent/Flickr

DIAWO-BARRY_2024

Publié le 23 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

Temporairement, la Cour d’assises de Kankan en Haute Guinée va déménager à Nzérékoré, la capitale administrative de la Guinée forestière, située à 1 000 km au sud-est du pays. Où s’ouvre, ce lundi 23 mars, sa session foraine d’une durée prévisionnelle de deux mois, pendant lesquels d’importants dossiers criminels seront jugés.

D’abord l’assassinat par une foule hostile, le 16 septembre 2014, de huit membres d’une équipe de sensibilisateurs contre Ebola dans la sous-préfecture de Womey, à 50 km au nord de Nzérékoré.

la suite après cette publicité

Puis les affrontements intercommunautaires de Koulé (Nzérékoré) et Beyla qui ont entraîné, du 15 au 18 juillet 2013, une centaine de morts, des disparus et plusieurs dégâts matériels.

Dans ces deux dossiers, environ 150 personnes défileront à la barre, poursuivies pour divers chefs d’accusation, dont assassinat, viol, association de malfaiteurs, vol à main armée et incendie, a confié le procureur général de la Cour d’appel de Kankan, William Fernandez.

Le drame de Womey : une justice pour tous ?

Après le drame survenu en septembre, lors duquel 8 soignants d’Ebola avaient été assassinées, la sous-préfecture de Womey avait été placée sous haute surveillance. À tel point que des défenseurs des droits de l’Homme, dont "Avocats sans frontière", avaient ensuite dénoncé des actes de représailles exercés par les services de sécurité sur les populations locales, qui se sont refugiées en brousse pendant plusieurs jours. L’ONG note des cas de viols et de pillages qu’elle impute aux agents de sécurité. Le comité de crise qui s’est constitué après le drame craint ainsi une justice partiale.

la suite après cette publicité

Mais le procureur de la Cour d’appel de Kankan précise que l’instruction qui vient d’être bouclée ne porte que sur l’assassinat des sensibilisateurs. "Nous ne sommes pas informés d’autres actes de violences subis par les populations", a déclaré William Fernandez.

À Koulé et Beyla, des violences intercommunautaires chez le capitaine Dadis Camara

la suite après cette publicité

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 2013, un jeune Konianké, Kalil Keita, a été tué à coups de machette pour "vol de carburant" par un autre jeune Guerzé, gardien de la station d’essence de Koulé, sous-préfecture d’origine de l’ex-chef de la junte guinéenne, le Capitaine Moussa Dadis Camara, située à 42 km de Nzérékoré. S’en étaient suivis des affrontements aux relents communautaire et religieux, entre les Guerzé (chrétiens) et les Konianké (musulmans), avec l’incendie d’une église, d’une mosquée et du domicile du guide spirituel des Guerzé, lui-même battu et son fils tué.

Les batailles qui ont atteint la commune urbaine de Nzérékoré et Beyla, préfecture voisine, ont fait 98 morts, dont des brûlés vifs, des mutilés et des disparus, selon le bilan estimatif d’un rapport conjoint des ONG "Mêmes droits pour tous" et "Avocats sans frontières". Des violences qui auraient été favorisées par la passivité des autorités administratives et l’implication présumée des Donzos (chasseurs traditionnels) et des rebelles du Mouvement uni de libération du Liberia pour la démocratie (Ulimo). 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Pour beaucoup, l’ampleur des violences s’explique par la faiblesse des forces de l’ordre. © Creative commons / Global Photographer

Guinée : Koulé et N’Zérékoré, les raisons de la violence

Contenus partenaires