Présidentielle nigériane : fin de campagne, Jonathan et Buhari au coude à coude

À cinq jours du scrutin présidentiel, les deux partis favoris, celui du président sortant, Goodluck Jonathan, et celui de son rival, Muhammadu Buhari, sont au coude à coude. Et plus particulièrement à Lagos, capitale économique du pays.  

Georges est volontaire dans un des call-centers de Goodluck Jonathan. © Dorothée Thiénot pour J.A.

Georges est volontaire dans un des call-centers de Goodluck Jonathan. © Dorothée Thiénot pour J.A.

Publié le 23 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est ce dimanche 22 mars que les électeurs nigérians pouvaient encore retirer leur carte d’électeurs. 82% des cartes ont été distribuées, selon des chiffres fournis par la Commission électorale indépendante (Inec). Si l’issue du scrutin est incertaine, la participation sera sans précédent : c’est la première fois que deux partis s’affrontent au Nigeria, à pied d’égalité. Le People Democratic Party (PDP, au pouvoir) a si longtemps été seul… Face à lui, le All Progressive Congress (APC) de Buhari a ses chances de l’emporter, à Lagos, où plus de 64% des électeurs ont retiré leur carte, selon l’Inec. Le soutien de l’ancien président Obasanjo, de l’ethnie yoruba, majoritaire dans la zone, et sa proximité avec l’ancien gouverneur de Lagos, Bona Tinubu, constituent autant d’atouts pour Buhari.

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Un bus de supporters de Buhari fait campagne dans Lagos. © Dorothée Thiénot pour J.A.

Pour cette dernière semaine, les meetings se succèdent donc dans la mégapole, aux couleurs verte et blanche du PDP, rouge de l’APC. Avec 52% du PIB et environ 18 millions d’habitants, Lagos est aussi la ville où se concentre l’essentiel des personnes les plus fortunées et influentes du pays. Leur récente prise en compte dans les calculs du PIB ont ravi à l’Afrique du Sud son statut de pays le plus riche du continent. Pas étonnant, donc, que les candidats portent une attention toute particulière à Lagos. Goodluck Jonathan y a fait, ce dimanche, sa troisième visite en un mois. Buhari peut, lui, miser sur le rejet chronique de la ville envers l’État central, représenté par le parti de Jonathan : la capitale économique du pays a-t-elle besoin d’un président basé à Abuja ?

"Ce dont ont besoin les gens, c’est de nairas"

"On veut faire une campagne comme l’a fait Obama", explique Titilope Abimbola, qui supervise pour le PDP le "call-center" d’Ikeja, dans la banlieue nord de la ville. Ici, pour la première fois dans l’histoire du pays, des volontaires, pour chaque parti, s’inspirent des campagnes à l’américaine : côté Jonathan, 300 jeunes volontaires appellent les habitants de Lagos pour les convaincre de réélire leur candidat. Avec 80 000 appels par jour, dont elle centralise et synthétise les résultats, la jeune femme s’est fait une idée des priorités des électeurs : "la religion, la lutte contre la corruption, la sécurité". Mais les abstentionnistes restent nombreux. "On leur explique notre programme, ils nous souhaitent bonne chance pour le réaliser, mais ne comptent pas aller voter. Surtout dans les zones populaires, les habitants ne comprennent pas que la politique est faite pour eux. Ce dont ont besoin les gens, c’est de nairas."

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Avec le report de l’élection, initialement prévue le 14 février, Goodluck Jonathan rattrape son retard dans les sondages face à Buhari, notamment parce que l’armée a annoncé quelques victoires contre Boko Haram. Alors, à défaut d’emporter l’élection, il pourra au moins compter sur un écart moindre pour éventuellement contester les résultats. Avec le risque de déclencher un cycle de violences électorales, comme ce fut le cas en 2011. 

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