Guinée : entre l’opposition et le pouvoir, le dialogue est-il rompu ?
La décision de l’opposition de suspendre sa participation aux travaux de l’Assemblée nationale fait notamment suite au choix de la Ceni d’organiser la présidentielle le 11 octobre 2015 et les élections locales fin mars 2016.
Dialogue de sourd
Le différent entre l’opposition et le pouvoir a pris un nouveau tour cette semaine. "Nous avons décidé en assemblée générale extraordinaire de suspendre notre participation aux travaux de l’Assemblée nationale et de retirer nos 49 députés du Parlement jusqu’à nouvel ordre, et de ne plus reconnaître la Ceni (Commission électorale nationale indépendante)", a déclaré l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition.
37 élus de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dix de l’Union des Forces Républicaines (UFR), un du Rassemblement pour le développement intégré de la Guinée (RDIG) et un du Parti guinéen pour la renaissance et le progrès (PGRP), sont concernés.
>> Lire aussi : Cellou Dalein Diallo : "L’opposition guinéenne n’a plus que la rue comme recours"
L’opposition n’a toutefois pas demandé aux commissaires de la Ceni issus de ses rangs de démissionner. "Nous leur avons fait part de notre souci avec leur institution. Maintenant, c’est à eux de voir et d’apprécier s’ils doivent boycotter les travaux ou démissionner ", a précisé mercredi 18 mars le porte-parole de l’opposition Aboubacar Sylla.
Le camp du pouvoir a rapidement dénoncé cette démarche. "Le boycott des députés de l’opposition n’impactera en rien les travaux de l’Assemblée nationale, a déclaré Amadou Damaro Camara, député du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, au pouvoir) et président du groupe parlementaire de la majorité. Le retrait de l’opposition nous facilitera la tâche."
Revendications
La décision de l’opposition fait suite au choix de la Ceni d’organiser la présidentielle le 11 octobre 2015 et les élections locales fin mars 2016. "La commission électorale fait ce que le pouvoir lui demande de faire, elle ignore totalement l’opposition", a encore affirmé mercredi Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG.
>> Lire aussi : pouvoir-opposition, les cinq pommes de discorde
"Nous allons prendre des mesures pour que de pareilles ingérences cessent pour le bien de tous", a-t-il dit.
L’opposition demande également la recomposition de la Ceni, l’installation de la Cour constitutionnelle (juridiction compétente en matière de contentieux électoraux, selon l’article 93 de la Constitution guinéenne) et la reprise du recensement de la population.
Tensions
Depuis le début de l’année, les manifestations de l’opposition se multiplient et dégénèrent la plupart du temps en affrontements avec les forces de l’ordre. Ce fut le cas le 2 février à Labé (en Moyenne-Guinée), fief de Cellou Dalein Diallo. Bilan : 25 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, 25 parmi les civils, 33 arrestations et des biens privés pillés.
(Avec AFP)
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