Accords d’Évian : 53 ans après, les nostalgiques de l’Algérie française ne digèrent toujours pas

En France, la signature des accords d’Évian continue d’obséder les nostalgiques de l’ordre colonial. À leur tête, Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers, qui a décidé de mettre les drapeaux de sa ville en berne à l’occasion du 53e anniversaire d’une date qu’il n’a, semble-t-il, toujours pas digérée. 

Robert Ménard a débaptisé la rue du 19 mars 1962 de Béziers, le 14 mars 2015. © S. THOMAS/AFP

Robert Ménard a débaptisé la rue du 19 mars 1962 de Béziers, le 14 mars 2015. © S. THOMAS/AFP

Publié le 19 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

L’accepteront-t-il un jour ? L’Algérie française n’existe bel et bien plus ! Après avoir débaptisé la rue "19 mars 1962", date anniversaire des accords d’Évian, par le nom d’un ancien officier de l’armée pro-Algérie française, Robert Ménard, le maire d’extrême droite de la ville de Béziers en rajoute une couche. Il a décidé jeudi 19 mars de mettre en berne les drapeaux de sa ville à l’occasion du 53e anniversaire de la signature des fameux accords qui avaient mis fin à la guerre d’Algérie.

Dans un communiqué, la municipalité de Béziers annonce en effet que "Les drapeaux seront en berne jeudi 19 mars". Un attaché de presse du maire a confirmé à l’AFP que cette initiative était liée à la date anniversaire des accords d’Évian.

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Lire aussi : France : Robert Ménard, à droite toute !

Le 17 mars dernier, lors d’une cérémonie organisée pour fêter la débaptisation de la rue du 19 mars 1962, Robert Ménard, élu sous l’étiquette "Bleu marine" (FN), et né à Oran, avait déjà laissé libre-court à une nostalgie assez particulière. Dans un élan lyrique, il avait notamment cité sa mère : "Notre paradis à nous c’était l’Algérie" évoquant, ému, son enfance en Afrique du Nord. Il faut dire que le maire de Béziers était porté par une foule rassemblant pas moins de 2 000 personnes dont des militants de l’Organisation armée secrète (OAS) qui entonnaient fièrement le slogan "Algérie française"…

Patrick Buisson aurait convaincu Nicolas Sarkozy de revoir les accords d’Évian en 2012

Les rodomontades de Ménard s’inscrivent par ailleurs dans un mouvement de pensée plus global, marqué par la montée du Front national, la question de la signature des accords d’Évian ayant toujours été problématique chez les nostalgiques de l’ordre colonial. Preuve en est, un autre leader de la galaxie réactionnaire, Patrick Buisson, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et ex-directeur du quotidien d’extrême droite "Minute", aurait fait pression sur l’ex-président de la République afin qu’il remette en question les accords d’Évian. C’est ce que révèlent  les journalistes du Monde Ariane Chemin et Vanessa Schneider dans "Le Mauvais Génie" (Fayard), livre consacré à Patrick Buisson. "Qui peut imaginer que, en 2012, Nicolas Sarkozy a failli proposer de dénoncer les accords d’Évian qui ont mis fin à la guerre d’Algérie?" C’est l’idée qui a germé à quelques semaines du premier tour, dans le cerveau du conseiller", écrivent les deux journalistes. Buisson aurait ainsi suggéré et même convaincu Nicolas Sarkozy de revenir sur le titre de séjour spécifique que peuvent obtenir les Algériens depuis la signature des accords.

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"Un temps déconcerté, le candidat finit par se laisser convaincre et décide de faire l’annonce sur le plateau de France2 le 26 avril 2012"  poursuivent les deux auteurs. Mais face aux cameras, Nicolas Sarkozy changa d’avis in-extremis et lança un "Je ne l’ai pas senti", à son équipe à sa sorti du plateau de télévision.

 
 

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