Togo : quand la microfinance s’invite dans la campagne présidentielle

En pleins préparatifs pour l’élection présidentielle, le président togolais Faure Gnassingbé n’a pas attendu longtemps pour dresser le bilan de l’un des projets phares de son quinquennat : la finance inclusive.

Faure Gnassingbé lors du lancement de nouveaux produits du FNFI le 10 mars 2015. © DR

Faure Gnassingbé lors du lancement de nouveaux produits du FNFI le 10 mars 2015. © DR

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 16 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

À quelques semaines de la présidentielle du 15 avril, les différents candidats sont en pré-campagne pour séduire les électeurs. Parmi les arguments mis en avant par le président sortant, figure la "finance inclusive" qui consiste à octroyer des microcrédits à un taux d’intéret quasi-nul aux couches les plus vulnérables de la société.  

"Un peu tôt pour en mesurer l’impact réel sur la pauvreté"

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En procédant au lancement du Fonds national de la finance inclusive (FNFI), en janvier 2014, Faure Gnassingbé déclarait vouloir "autonomiser les couches défavorisées" afin d’en faire des acteurs du développement économique du pays. Car dans un système classique où les garanties exigées par les institutions de microcrédit sont souvent au-dessus des moyens des plus pauvres, le pari du FNFI visant à accorder à ces derniers des crédits à un taux presque nul, connaît très vite un fulgurant succès.

En moins d’un an, le FNFI a permis à plus 331 000 personnes d’accéder à un prêt d’environ 50 euros pour financer des activités génératrices de revenus.

En moins d’un an, le FNFI a permis à plus 331 000 personnes d’accéder à un prêt d’environ 50 euros pour financer des activités génératrices de revenus. Le fonds, doté de 12 milliards de F CFA et travaillant en partenariat avec une vingtaine d’ institutions de micro-crédits, entend doubler le nombre de bénéficiaires avant la fin de cette année. Le pourcentage de remboursement "autour de 97% donne entière satisfaction" aux partenaires (PNUD, BAD, BOAD…), explique la ministre Victoire Dogbé qui pilote le programme.

Mais "de nombreuses personnes concernées jugent le montant accordé trop faible", reconnaît Jean-Claude Bassina, directeur d’une mutuelle associée au projet. Il temporise par ailleurs l’enthousiasme des initiateurs du projet en estimant que même si ces prêts "permettent d’occuper des milliers de personnes, il est un peu tôt pour en mesurer l’impact réel sur la pauvreté". 

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Produit financier ou cadeau politique ?

De son côté, l’opposition dénonce régulièrement "une initiative visant à tirer profit de la situation de faiblesse d’une grande partie de la population rendue pauvre par un demi-siècle de pouvoir des Gnassingbé ". Mais Jean-Claude Bassina rappelle "qu’il ne s’agit pas d’un cadeau mais bien d’une somme à rembourser dans les délais prévus. Nous l’expliquons en permanence".

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Aux accusations de manœuvres politiciennes, Prosper Houennou, directeur général du FNFI, répond en mettant en avant le fait que l’État n’est pas un interlocuteur direct des populations dans ce projet. "Les bénéficiaires sont dans un rapport exclusif avec les coopératives de microcrédits qui doivent absolument rentrer dans leurs fonds", soutient-il.

Reste néanmoins que dans sa campagne pour une réélection au soir du 15 avril, Faure Gnassingbé ne se prive pas de vanter régulièrement les mérites d’un programme très populaire auprès des couches défavorisées de la population togolaise.

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