Ces Maliens qui relèvent le défi du coton

La production nationale d’or blanc doit atteindre 800 000 tonnes d’ici à 2018. De l’impulsion politique à la mise en pratique, qui sont les artisans de ce grand chantier ?

 © Montage JA

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Publié le 10 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Une ferme agro-industrielle dans la région du Katanga, en République Démocratique du Congo © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.
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Causées par la flambée des prix sur les marchés mondiaux, les émeutes de la faim de 2008 ont servi de leçon : il faut limiter les importations de denrées agricoles et développer leur production en Afrique. Le défi implique de surmonter les aléas climatiques… et de libérer l’initiative.

Sommaire

Après avoir progressé de 25 % entre 2013 et 2014 pour atteindre 550 000 tonnes, la production malienne de coton doit passer à 800 000 tonnes d’ici à 2018. Un objectif ambitieux qui repose sur la réussite d’une politique volontariste engagée par les acteurs du secteur : subvention des engrais, envoi de techniciens auprès des producteurs, mise à disposition de semences de meilleure qualité… Au total, la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT) prévoit d’y consacrer entre 60 et 70 milliards de F CFA par an (entre 91,5 et 106,7 millions d’euros). Jeune Afrique vous présente les grands artisans de ce chantier national.

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Kalfa Sanogo, PDG de la Compagnie malienne pour le développement du textile. © Emmanuel Dahou Dakari / DRKalfa Sanogo, le chef d’orchestre

PDG de la Compagnie malienne pour le développement du textile

En 2013, Kalfa Sanogo coule une retraite tranquille quand le chef de l’État lui demande de prendre la direction de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT). Homme de devoir, ce natif de la région de Sikasso, fort d’une expérience de vingt ans au sein du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), n’hésite pas. À peine arrivé aux commandes, il va impulser une nouvelle dynamique en augmentant de 5 % le salaire de tous les travailleurs de la CMDT. Puis il assure les cotonculteurs qu’ils seront dorénavant payés dans des délais raisonnables. Message reçu : le nombre des exploitants de la CMDT bondit de 10 %. Avec une production de 550 000 tonnes (+ 25 % sur un an), le bilan de la campagne 2013-2014 est une réussite, ce qui a permis à la CMDT de verser 250 milliards de F CFA (381 millions d’euros) aux cotonculteurs.

Cheibane Coulibaly, Chef de la Mission de restructuration du secteur coton. © Emmanuel Dahou Dakari / DRCheibane Coulibaly, le conseiller

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Chef de la Mission de restructuration du secteur coton

Premier président de l’Institut malien de recherches appliquées au développement, en 1989, Cheibane Coulibaly, 65 ans, est depuis deux ans le directeur de la Mission de restructuration du secteur coton (MRSC, rattachée au ministère du Développement rural), après avoir oeuvré au sein de la cellule « développement rural » de la primature. « C’est là que j’ai mis en évidence les difficultés du coton malien et proposé des solutions. Parmi celles-ci, impliquer les cotonculteurs dans le capital de la CMDT afin de les inciter à produire plus, et mettre en place un fonds d’appui pour amortir les variations du cours mondial du coton, détaille-t-il. Nous transformons moins de 2 % du coton : ma prochaine bataille est donc de convaincre le gouvernement d’investir dans des usines de filature. »

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Mamadou Lamine Sylla, Directeur intérimaire de l'Office de la haute vallée du Niger. © Emmanuel Dahou Dakari / DRMamadou Lamine Sylla, l’ingénieur

Directeur intérimaire de l’Office de la haute vallée du Niger

Ingénieur agricole, Mamadou Lamine Sylla, 61 ans, a fait toute sa carrière au sein de l’Office de la haute vallée du Niger (OHVN). Nommé directeur général adjoint en 2010, il occupe le poste de directeur par intérim depuis quelques mois. Interlocuteur privilégié de la CMDT et des organisations professionnelles, il est l’un des artisans de l’amélioration des pratiques agricoles, du respect de la date des semis à l’observance des règles d’utilisation des intrants en passant par la mise en oeuvre des méthodes de lutte contre l’érosion.


Bakary Togola, Président de l'Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton. © <span class=Emmanuel Dahou Dakari / DR" title="Bakary Togola, Président de l'Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton. © Emmanuel Dahou Dakari / DR" class="caption" style="margin: 4px; border: 0px solid #000000; float: left;" />Bakary Togola, le producteur

Président de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton

À 55 ans, Bakary Togola préside à la fois la puissante Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UNSCPC) et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam). « Mon père m’a enlevé de l’école en sixième et, depuis, je me consacre à mes champs », aime-t-il raconter. Natif de la région de Sikasso, il exploite à lui seul 1 000 hectares entièrement consacrés au coton. S’il a su fédérer les quatre principaux syndicats de la profession, certains lui reprochent aujourd’hui de ne pas vouloir passer la main alors qu’il a déjà effectué deux mandats.


Bokary Tréta, Ministre du Développement rural. © Emmanuel Dahou Dakari / DRBokary Tréta, le politique

Ministre du Développement rural

En septembre 2013, lorsque Ibrahim Boubacar Keïta est investi président, il pense naturellement à Bokary Tréta, alors enseignant chercheur à l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée, à Katibougou, pour prendre en charge le portefeuille du Développement rural. À 61 ans, ce docteur en nutrition animale a déjà dirigé le ministère de l’Élevage et de la Pêche, de 2011 à 2012. Dès son arrivée, il s’est illustré en nommant un nouveau directeur à la tête de la CMDT, puis en récupérant la supervision de la Mission de restructuration du secteur coton (MRSC), auparavant rattachée à la primature.

Par Baba Ahmed, à Bamako

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