Maghreb : ces professionnels ont le sens de l’accueil

Ces professionnels s’emploient, malgré la crise et les aléas politiques, à toujours mieux recevoir les visiteurs. Une activité vitale dans ces pays.

Montage photo. © J.A.

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Publié le 8 mars 2015 Lecture : 5 minutes.

Pour son hôtel d’Abidjan, le groupe Onomo a confié la conception à l’architecte ivoirien Guillaume Koffi. © Olivier/J.A.
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Tourisme : course de vitesse pour les deux et trois étoiles

Développement économique et croissance démographique dopent la demande pour un hébergement accessible et de qualité dans les métropoles africaines. Sur ce segment, les groupes locaux rivalisent avec les géants internationaux. Objectif : capter une nouvelle clientèle mêlant affaires et loisirs.

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 L’avocat d’un secteur à la peine : René Trabelsi, directeur général de Royal First Travel

René Trabelsi, Directeur général de Royal First Travel. © Vincent Fournier / J.A

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Depuis la révolution, René Trabelsi est l’une des figures les plus médiatiques du tourisme tunisien. Début 2013, ce fils de Perez Trabelsi, le président de la communauté juive de Djerba, avait même été pressenti pour être ministre du gouvernement Jomâa.

Directeur général du tour-opérateur français Royal First Travel (RFT), il fustige à la radio et à la télévision le manque de coopération entre l’administration, les agents de voyage et les hôteliers. S’il reste un acteur de poids du secteur, sa situation illustre bien le désarroi des professionnels. En 2014, il n’a amené que 35 000 touristes en Tunisie contre 120 000 en 2008.

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Reine des palaces : Mouna Ben Halima, directrice générale de La Badira

Mouna Ben Halima, Directrice générale de la Badira. © Ons Abid pour J.A

Elle ne manque pas d’audace: alors que le tourisme tunisien bat de l’aile, cette fille d’hôtelier de 42 ans a investi 16 millions d’euros pour lancer en décembre 2014, à Hammamet, La Badira, un hôtel cinq étoiles. Spécialiste en audit et gestion, elle pilotait auparavant le Sultan, un autre cinq-étoiles du groupe familial.

« Toute crise est transitoire, celle-ci m’a encouragée à monter en gamme », assure celle qui s’est aussi distinguée commemilitante de la société civile. Mouna Ben Halima cible une clientèle individuelle éprise de luxe et compte sur le réseau The International Leading Hotels of the World (LHW), qui a décerné son label à l’hôtel, pour remplir les 120 suites qu’elle propose.

Tunisie –  Le secteur attend son printemps

La Tunisie a enregistré une nouvelle baisse du nombre de visiteurs venant de l’étranger. Ils ont été 6 millions en 2014 (contre près de 7 millions en 2010), générant 1,57 milliard d’euros de recettes. Établissements vieillots, image dégradée par les problèmes de sécurité, les raisons du long hiver du tourisme tunisien sont multiples.

Si les professionnels gardent la tête hors de l’eau, ils le doivent en partie à la présence de nombreux Algériens dans leurs établissements. Le nouveau gouvernement saura-t-il provoquer l’aggiornamento indispensable au redémarrage d’un secteur incontournable pour l’économie nationale ?

Le visionnaire : Yasser Znagui, conseiller royal

Yasser Znagui, Conseiller royal. © Abdelhak Senina/AFP

Ex-directeur de l’activité trading et produits dérivés de la Deutsche Bank à Londres, Yasser Znagui, 44 ans, est devenu en quelques années une personnalité majeure du secteur touristique marocain.

Nommé ministre du Tourisme en janvier 2010, il a piloté l’élaboration de « Vision 2020 », une stratégie ambitieuse qui vise à doubler le nombre de visiteurs internationaux au pays pour dépasser le chiffre de 18 millions.

Devenu conseiller royal en décembre 2011, à l’issue de son passage au ministère, il continue de suivre de près les chantiers structurants du secteur. Parmi eux, les mégaprojets développés par le fonds Wessal Capital, un véhicule d’investissement de 2,5 milliards d’euros que l’ancien financier a monté avec quatre fonds souverains du Golfe, en plus du Fonds marocain pour le développement touristique, dirigé par son ami Tarik Senhaji, lui aussi passé par la City.

Yasser Znagui est également l’artisan de l’implantation de la chaîne Ritz Carlton au Maroc, d’abord à Tamuda Bay, dans le Nord, puis à Rabat. Ces projets (les premiers du genre en Afrique) ont été pilotés par Sienna Investment Group, la société maroco-britannique qu’il a fondée en 2006.

Hamid Bentahar, Vice-président d'Accor Maroc. © DREtoile montante de Marrakech : Hamid Bentahar, vice-président d’Accor Maroc

Au Maroc, Hamid Bentahar, 43 ans, a l’aura d’une rock star. Après avoir débuté sa carrière en 1989 en tant que simple moniteur d’équitation dans l’un des hôtels de la chaîne Accor au Maroc, ce diplômé d’économie de l’université de Marrakech a gravi tous les échelons un à un jusqu’au poste de vice-président d’Accor Maroc, chargé de l’hôtellerie de luxe pour l’Afrique et l’océan Indien.

Une véritable success-story pour ce Marocain issu de la classe moyenne. Son engagement pour le tourisme l’a propulsé en 2009 à la tête du Centre régional du tourisme (CRT) de la ville de Marrakech, première destination du pays.

Maroc – Le royaume veut pousser son avantage

En 2014, la montée des menaces terroristes dans la région et l’instabilité de certains pays de la zone n’ont pas empêché le Maroc de tirer son épingle du jeu. Les arrivées touristiques ont enregistré une progression de 2,4 %, pour atteindre près de 10,3 millions de visiteurs générant plus de 53 milliards de dirhams (4,9 milliards d’euros) de recettes.

Ayant défini une stratégie à l’horizon 2020, le pays ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et veut attirer, à terme, plus de 18 millions de touristes. Pour atteindre cet objectif, le royaume mise sur une politique d’investissement tous azimut, avec la construction prévue de 200000 lits supplémentaires dans les cinq prochaines années. 

 

Un héritier bâtisseur : Karim Cherif, PDG de Groupe Eden

Karim Cherif, PDG de Groupe Eden. DRLe Groupe Eden, avec six établissements hôteliers répartis dans l’ouest du pays, appartient au cercle très restreint des sociétés privées d’hôtellerie en Algérie. Une position patiemment construite par trois générations de commerçants.

Désormais, Karim Cherif, l’héritier de cette dynastie, veut lancer sa propre chaîne. Une dizaine d’hôtels seront regroupés sous l’enseigne Eden Stop. Il s’agit d’établissements « intermédiaires, corporate et urbains », car « on ne peut construire une politique du tourisme fondée uniquement sur des cinq-étoiles », assure ce patron quinquagénaire, qui privilégie un modèle autonome, loin des contrats de management avec des chaînes étrangères.

À la tête de la Fédération nationale des hôteliers algériens de 2012 à 2014, le PDG de Groupe Eden a eu le temps d’observer le secteur. « La classe moyenne, qui compose l’immense majorité des touristes algériens, peine à trouver des structures adaptées à ses besoins », affirme celui qui chapeaute à présent la commission tourisme au sein du Forum des chefs d’entreprise (FCE), remanié par son nouveau président, Ali Haddad.

Algérie – Le tourisme reste une affaire d’Etat

Les chiffres offrent une vision en trompe l’oeil. Si le pays attire de plus en plus de touristes – près de 2,7 millions en 2013, contre 2,1 millions en 2010 -, ces visiteurs sont constitués essentiellement d’Algériens vivant à l’étranger.

Fin janvier, le Premier ministre Sellal a rappelé l’importance du secteur pour diversifier l’économie. La chute des cours du pétrole rend ce dossier encore plus brûlant. Comme il en a l’habitude, l’État a pris les choses en main, et a lancé un vaste plan de construction d’hôtels. Reste à voir si les pouvoirs publics laisseront une place aux investisseurs privés.

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