Avec un oued réhabilité, c’est le visage d’Alger qui va changer
Création d’espaces verts, protection contre les inondations, gestion des rejets industriels… Le vaste projet de réaménagement des berges du fleuve El-Harrach s’inscrit dans le plan de modernisation de la capitale.
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Qu’elles soient publiques ou privées, les sociétés de gestion de l’eau sont souvent confrontées aux mêmes défis.
Au bord de l’eau, des hommes sont en pleine discussion, des amoureux se chuchotent des mots doux et des enfants jouent. Le soleil généreux de cette fin d’hiver incite à l’oisiveté. Avec ses palmiers et ses plages artificielles, le nouveau parc de la baie d’Alger, inauguré l’an dernier, a tout de suite été plébiscité par des Algérois en mal d’espaces verts. Longue de quatre kilomètres, la promenade des Sablettes est délimitée à l’est par l’oued El-Harrach, qui se jette dans la Méditerranée après avoir parcouru 67 km depuis les montagnes de l’Atlas blidéen. Amine, la quarantaine, originaire de Bachdjerrah, un quartier populaire situé à proximité, loue cette transformation : « Dans les années 1960, l’endroit avait été baptisé les Sables d’or pour la beauté de ses plages. Puis il a été abandonné, devenant une zone malfamée. Les travaux l’ont réhabilité en lieu de sortie. »
L’achèvement du chantier au niveau de l’embouchure des Sablettes est la première illustration de l’aménagement de l’oued El-Harrach, confié en juin 2012 au groupement algéro-coréen Cosider-Daewoo Constructions. Remporté à la suite d’un appel d’offres, ce projet évalué à 38 milliards de dinars (environ 395 millions d’euros) s’inscrit dans le plan stratégique 2009-2029 de réhabilitation et de modernisation de la ville d’Alger par l’État, dont l’enveloppe globale atteint 202 milliards de dinars.
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D’ici à la fin de 2015, les travaux le long des 18,2 km traversant la wilaya d’Alger devraient être achevés. Aménagement hydraulique, dragage sur cinq kilomètres, construction et protection des berges, réalisation de stations de pompage assurant le débit d’étiage, mise en place d’un système de contrôle et de surveillance de l’eau… Sans oublier la construction de terrains de sport, d’aires de jeux, de piscines, de pistes cyclables.
Au total, près de 1 750 ouvriers chinois, coréens, bangladais et algériens travaillent à la réhabilitation du fleuve. Le changement de visage d’El-Harrach est aussi visible en amont de la capitale, au niveau de la localité de Bentalha. Daewoo a créé un pavé végétal recouvrant les talus de l’oued sur deux kilomètres. Pour contenir l’eau lors des crues, l’entreprise construit des paliers en creusant le fleuve et en aménageant des berges avec du béton.
Propreté
Si les Algérois ne profitent pas encore de tous les équipements annoncés, ils apprécient d’ores et déjà la transformation, notamment au centre d’Alger. « Les mauvaises odeurs ne sont plus qu’un mauvais souvenir », confirme Youssef, un habitant du quartier Mohammadia, traversé par le cours d’eau. Et la propreté de l’oued devrait encore s’améliorer. Situé à huit kilomètres en amont de l’embouchure, la station d’épuration de Baraki, la plus grande des quatre usines exploitées par la Société des eaux et d’assainissement d’Alger (Seaal), en partenariat avec le français Suez Environnement, va doubler sa capacité.
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Actuellement chargée du traitement des eaux usées de 900 000 habitants, elle s’occupera de celui de 1,8 million d’entre eux sur les 3,3 millions que compte la capitale. Mais pour véritablement changer la donne, les autorités devront également s’attaquer aux rejets industriels des quelque 400 entreprises disséminées le long de l’oued, dont les plus polluantes appartiennent au secteur de la chimie (Agenor), de la mécanique (Ecferal), de la tannerie (Kehri Dahmane) et de l’agroalimentaire. En l’absence d’obligation légale, les autorités misent avant tout sur le dialogue en les incitant à mettre en place un processus de prétraitement. Pas sûr que le résultat coule de source.
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