José del Castillo : « La construction d’infrastructures et les contrats de service sont complémentaires »

Suez crée un pôle Afrique – Proche-Orient. En ligne de mire, le développpement de ses activités assainissement et déchets au sud du Sahara.

José del Castillo, directeur Afrique et Proche-Orient de Suez Environnement. © Vincent Fournier / J.A

José del Castillo, directeur Afrique et Proche-Orient de Suez Environnement. © Vincent Fournier / J.A

Publié le 9 avril 2015 Lecture : 4 minutes.

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Qu’elles soient publiques ou privées, les sociétés de gestion de l’eau sont souvent confrontées aux mêmes défis.

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Suez Environnement se réorganise. Le groupe, présent en Afrique depuis les années 1940, vient d’annoncer la fusion de ses 40 marques sous un nom et un logo uniques. à l’international, toutes ses anciennes filiales (Degrémont, Lydec, Sita Maroc, etc.) sont désormais réunies en pôles géographiques. Le spécialiste de l’eau et des déchets entend ainsi créer des synergies entre ses différentes activités. Un mouvement semblable à celui réalisé par son grand concurrent Veolia il y a moins de deux ans.

Nommé à la tête de la direction Afrique et Proche-Orient le 1er janvier 2015, José del Castillo réaffirme les ambitions de son groupe sur le continent, qui ne représente pour l’heure que 5 % du chiffre d’affaires. Mais les opportunités ne manquent pas, notamment au sud du Sahara, où Suez n’intervient pour l’heure que dans le traitement de l’eau, contrairement à l’Afrique du Nord. En ligne de mire, le Burkina Faso, le Mali et le Kenya.

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Propos recueillis par Marion Douet

Jeune Afrique : Pourquoi Suez a-t-il choisi de réorganiser ses activités en pôles géographiques ?

José del Castillo : Jusqu’ici, plusieurs filiales travaillaient parfois pour le même client en ne lui présentant qu’une partie du service. Or, notre force est d’être « multimétier ». Nous allons continuer de proposer les produits et services jusqu’ici offerts par Degrémont [spécialisé dans le traitement de l’eau], par exemple, tout en profitant de son implantation dans la plupart des capitales africaines pour présenter notre palette complète de compétences, incluant la production et la gestion de l’eau ainsi que le traitement des déchets. Certains pays ayant connu une croissance à deux chiffres ces dernières années, des opportunités existent.

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Le groupe Suez mise-t-il davantage sur la livraison de stations de production ou de traitement clés en main que sur les contrats de services, comme les concessions ?

La construction d’infrastructures et les contrats de services sont complémentaires. Nous venons par exemple d’achever l’édification de l’usine de traitement d’eaux résiduaires d’Alexandrie, en égypte. Le client nous en confie maintenant l’exploitation pour deux ans, avec ses équipes. Le service tient une place importante aujourd’hui, car la demande est forte en matière de transferts de savoir-faire dans la gestion de l’eau. Mais les concessions impliquent les parties sur le long terme, jusqu’à quarante ans, d’où des réticences aujourd’hui de la part des états et des entreprises. Ce type de contrat a laissé la place à des contrats de management ou d’assistance technique, plus flexibles.

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La situation politique égyptienne a-t-elle eu un impact sur vos activités dans ce pays ?

Le projet de traitement de l’eau d’Alexandrie-Est a mis deux ans de plus que prévu. Mais les travaux sont terminés. Nous négocions actuellement avec les autorités une indemnisation pour le surcoût engendré par ce retard. Je voudrais souligner que nous ne sommes jamais partis, car nous avons une obligation de service public.

L’Office national de l’eau potable marocain et la Sénégalaise des eaux exportent leur savoir-faire sur le continent. Voyez-vous monter une concurrence locale ?

Nous sommes le seul acteur global, mis à part Veolia. Mais nous voyons apparaître une expertise locale et des compétences qui laissent présager d’une concurrence en train de se structurer, à long terme, comme au Nigeria, et peut-être même à court terme.

L’industrie est-elle concernée par le traitement des eaux usées ?

Tout à fait. Le secteur des mines, par exemple, est tenu par les majors, qui sont souvent cotées et tenues de respecter des normes internationales. Aujourd’hui, tous les miniers doivent traiter leurs eaux résiduaires. Mais si l’évolution des marchés municipaux prend un peu plus de temps, le volume sera alors bien plus important quand cette demande va se matérialiser.

Existe-t-il un marché rural de l’eau potable en Afrique ?

Les bailleurs de fonds se sont longtemps concentrés sur le développement des infrastructures urbaines. Il s’agit désormais d’accompagner le marché dans les zones rurales, notamment en Côte d’Ivoire, grâce à notre gamme d’unités compactes. Le délai de construction de ces stations d’eau potable, en structures métalliques préfabriquées, est beaucoup plus court. Ces contrats ne sont pas forcément importants, de l’ordre du million d’euros, mais ce sont des projets structurants. 

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Qu’en est-il du traitement des déchets sur le continent ?

Presque tout reste à faire. Nous avons réalisé une percée au Maroc, où certaines décharges sont quasiment conformes aux normes européennes. On y produit du biogaz et les déchets commencent à être recyclés en combustible de substitution pour les cimenteries. Nous espérons appliquer ce modèle à la zone subsaharienne. Mais nos solutions européennes n’y sont pas transposables telles quelles, il faut s’adapter à chaque ville. Lomé, qui vient de lancer un appel d’offres sur les déchets, va montrer la voie.

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