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Emmanuel C. Hounkou est économiste, professeur agrégé à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’université d’Abomey-Calavi (UAC).
Sacré Bénin !
Vingt cinq ans après la Conférence nationale qui fut un modèle pour toute l’Afrique francophone, le laboratoire bouillonnant de la démocratie béninoise a du vague à l’âme.
La situation économique du Bénin est marquée par une accélération de la croissance en 2013 et sa consolidation en 2014, dans un environnement de stabilité des prix, donc de faible inflation. Cette dernière, mesurée par l’indice harmonisé des prix à la consommation, s’établissait en effet, fin décembre 2014, à – 1,1 %, un taux largement inférieur à l’indicateur de convergence de 3 % fixé par l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine] dans le cadre de sa surveillance multilatérale.
L’accélération de la croissance, avec un taux de plus de 5,6 % en 2013 (contre 2,6 % en 2010), tient essentiellement à la hausse de la production de coton au cours de la campagne de 2012-2013 et, surtout, de celle de 2013-2014 (+ 28,1 %), avec pour corollaire la bonne tenue des activités d’égrenage et de trituration. Elle reflète aussi les performances observées dans le commerce (elles-mêmes liées au dynamisme du trafic dans le port de Cotonou) et les autres services (en particulier les transports, les télécommunications et les banques).
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Pour 2014, les prévisions de l’Insae [Institut national de la statistique et de l’analyse économique] tablent sur un taux de croissance de l’ordre de 5,7 %. Celle-ci est à nouveau soutenue par la hausse de la production dans le secteur du coton, mais aussi dans les autres filières agricoles, notamment vivrières, grâce à une meilleure gestion des intrants spécifiques, à l’adoption par les producteurs de technologies plus performantes, au développement et à la réhabilitation des infrastructures d’irrigation et de stockage, ainsi qu’à la poursuite de la mise en valeur des vallées. Cet accroissement de la production a permis d’améliorer l’activité des industries manufacturières (égrenage du coton et transformation artisanale des produits agricoles).
Il faut diversifier les leviers de croissance, ce qui passe par la création d’activités à forte valeur ajoutée.
Autres contributeurs à la croissance : le dynamisme du BTP, lié notamment aux grands travaux routiers, ainsi qu’à l’entrée en production de la Nouvelle Cimenterie du Bénin (Nocibe), qui devrait conduire à une densification du tissu industriel. Cette nouvelle usine a nécessité un investissement d’environ 150 milliards de F CFA [près de 229 millions d’euros]. Avec une capacité de production annuelle de 1,3 million de tonnes, elle devrait, au minimum, doubler la capacité de production nationale de ciment.
La poursuite de la modernisation du Port autonome de Cotonou [PAC] a également contribué à stabiliser la croissance. L’amélioration de la fluidité du trafic à l’intérieur du port, la réduction des délais de traitement des conteneurs et le renforcement de la sécurité dans l’enceinte portuaire ont permis au PAC de conforter son positionnement par rapport aux pays de l’hinterland et de continuer de capter une partie du trafic destiné au Nigeria.
>>>> Lire aussi – La bonne forme du port de Cotonou
Les perspectives de l’économie béninoise peuvent être envisagées sous plusieurs angles. La stabilité macroéconomique devrait être consolidée par la poursuite des réformes, en particulier dans les secteurs agricole et portuaire, ainsi que dans le domaine des finances publiques, avec le renforcement de la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.
Par ailleurs, il est impératif d’élaborer, en concertation avec l’ensemble des acteurs, une stratégie claire de gestion durable de la filière coton, qui offre une source de revenus au tiers de la population béninoise, afin de lui assurer une rentabilité optimale.
Le développement du secteur privé, largement dominé par le secteur informel, constitue également un enjeu majeur pour soutenir la croissance et réduire la pauvreté. À cet égard, outre les efforts déployés pour améliorer le climat des affaires et faciliter l’accès au financement, il convient d’améliorer le dialogue entre secteur public et secteur privé afin de renforcer la confiance des investisseurs, aussi bien nationaux qu’étrangers.
Enfin, il est nécessaire de diversifier les leviers de croissance. Ce qui passe, entre autres, par la création d’activités à forte valeur ajoutée. L’économie béninoise gagnerait à être en phase avec l’économie mondiale, qui, fondamentalement, n’est plus une économie de matières premières, mais une économie de services.
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Sacré Bénin !
Vingt cinq ans après la Conférence nationale qui fut un modèle pour toute l’Afrique francophone, le laboratoire bouillonnant de la démocratie béninoise a du vague à l’âme.
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