Le port de Cotonou, ce paquebot du Sahel
Infrastructures modernisées, délais et coûts réduits… Le Port autonome de Cotonou a gagné en compétitivité. Ce qui lui permet d’attirer une nouvelle clientèle, celle des pays enclavés.
Sacré Bénin !
Vingt cinq ans après la Conférence nationale qui fut un modèle pour toute l’Afrique francophone, le laboratoire bouillonnant de la démocratie béninoise a du vague à l’âme.
Si son plan d’eau de 80 ha est évidemment loin de rivaliser avec les 1 000 ha de son concurrent abidjanais, le Port autonome de Cotonou (PAC) n’a pas pour autant lésiné sur les moyens pour améliorer sa productivité et attirer de nouveaux utilisateurs. Plus de 2 040 navires sont venus y accoster en 2014, contre 1 400 en 2013.
Quant au trafic de marchandises transitant par le PAC, il est passé durant la même période de 7,8 millions à 9 millions de tonnes (+ 15,4 %), dont plus des deux tiers à destination de l’hinterland, vers le Niger principalement, mais aussi vers le Burkina Faso, le Mali et le Tchad. C’est d’ailleurs en desservant ces pays enclavés de la région sahélienne et en se positionnant comme port-relais du Nigeria que le PAC compte développer ses activités.
>>>> Lire aussi – La bonne forme du port de Cotonou
Bond en avant
L’installation du guichet unique fin 2011, en simplifiant les formalités de passage des marchandises, a réduit les délais, et donc les coûts, pour les utilisateurs du port. La même année, la fin des travaux d’aménagement de la digue, l’élargissement de la passe d’entrée ainsi que le dragage du chenal et du bassin ont eux aussi contribué à écourter le temps d’attente des navires dans la rade et permis aux bâtiments à fort tirant d’eau d’accoster.
De son côté, le français Bolloré Africa Logistics (BAL, présent depuis 2009 au port de Cotonou, où il a décroché une concession de vingt-cinq ans) a également modernisé les infrastructures et équipements de sa filiale, Bénin Terminal (BT). Avec un linéaire de quai de 540 mètres et un tirant d’eau de 13,5 à 15 m, BT peut accueillir les porte-conteneurs de nouvelle génération, d’une capacité allant jusqu’à 5 000 équivalents vingt pieds (EVP, unité de mesure représentant un volume d’environ 38 m3). Les deux portiques de quai, opérationnels depuis 2013, permettent quant à eux d’augmenter la cadence de déchargement des navires.
« Le port de Cotonou a fait un sérieux bond en avant, estime Ibrahim Traoré, un consignataire nigérien. Le temps de chargement et de traitement des conteneurs, qui était de plus de cinquante-deux jours en 2012, est désormais réduit à cinq jours. Quant au délai d’attente des camions en transit, il a été ramené à sept heures en moyenne, contre trois cent soixante-neuf heures [plus de quinze jours] il y a deux ans ! Un tel changement nous a convaincus de faire de Cotonou notre port de transit. »
« Notre ambition est d’offrir à nos usagers une plateforme moderne, avec pour leitmotiv la compétitivité. Surtout, nous voulons nous positionner comme le port naturel des pays de l’hinterland. Nous partons donc à leur conquête », confirme Samuel Batcho, directeur général du PAC.
>>>> Lire aussi – Abidjan, Dakar, Lomé : qui sera le plus grand ?
Chemin de fer
Ces derniers mois, plusieurs délégations béninoises se sont rendues à Niamey, la capitale nigérienne, dans le seul but de faire la promotion du port. Une campagne qui a porté ses fruits, puisque ce dernier aurait bénéficié, entre novembre 2014 et janvier 2015, d’une hausse de 23 % de ses échanges avec le Niger – lequel fait déjà transiter plus de 80 % de ses marchandises par le port de Cotonou, où il doit les acheminer, pour le moment, par la route.
Cette stratégie de développement du PAC a été confortée par le coup d’envoi des travaux de la ligne de chemin de fer entre Cotonou et Niamey, en avril 2014. Baptisée Blueline, la ligne sera exploitée via une coentreprise entre les États béninois et nigérien (disposant chacun de 10 % du capital), des investisseurs privés béninois (20 %) et nigériens (20 %), ainsi que le groupe Bolloré (40 %), partenaire stratégique chargé de la mobilisation des ressources financières pour l’exécution des travaux. Coût global estimé : environ 1 000 milliards de F CFA (1,5 milliard d’euros). La ligne s’intégrera à la boucle ferroviaire ouest-africaine qui reliera Abidjan à Lomé via Cotonou, Niamey et Ouagadougou sur 2 700 km.
Sur la partie nigérienne, la construction du tronçon de 140 km entre Niamey et Dosso (sud du Niger) est presque achevée. Côté béninois, BAL s’attelle à la rénovation de la voie entre Cotonou et Parakou (Centre). Restera à la prolonger jusqu’à la frontière nord. Le groupe Bolloré a déjà investi sur fonds propres pour remettre à neuf la gare centrale de Cotonou. Après un an de travaux, elle a été inaugurée le 14 janvier.
Dans la foulée, BAL a lancé le projet d’extension de Bénin Terminal, qui représente un nouveau volet d’investissement d’environ 34 milliards de F CFA en infrastructures et en équipements. BT, qui dispose déjà d’un parc à conteneurs de 20 ha sur le port de Cotonou, va y aménager 20 ha supplémentaires, en partie gagnés sur la mer. Les travaux commenceront dès la livraison du nouveau terre-plein, sur lequel se fera notamment l’interconnexion avec le rail, depuis la gare centrale de Cotonou.
>>>> Lire aussi – Transport : le Bénin passe à la vitesse supérieure
Par Fiacre Vidjingninou, avec Cécile Manciaux
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Sacré Bénin !
Vingt cinq ans après la Conférence nationale qui fut un modèle pour toute l’Afrique francophone, le laboratoire bouillonnant de la démocratie béninoise a du vague à l’âme.
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan