Agroalimentaire : le pari béninois de NCA-Rouiba

Le leader algérien des boissons non alcoolisées NCA-Rouiba va évaluer la rentabilité de six unités de transformation de fruits construites par l’État. Dans le but d’en extraire le meilleur.

L’exploitation des usines au Bénin permettrait au leader algérien de mettre un pied en Afrique subsaharienne. © Louiza Ammi pour JA

L’exploitation des usines au Bénin permettrait au leader algérien de mettre un pied en Afrique subsaharienne. © Louiza Ammi pour JA

Publié le 3 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

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Sacré Bénin !

Vingt cinq ans après la Conférence nationale qui fut un modèle pour toute l’Afrique francophone, le laboratoire bouillonnant de la démocratie béninoise a du vague à l’âme.

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Grâce à un prêt de l’État indien, le gouvernement béninois lançait en septembre 2011 la construction d’usines de transformation de fruits dans six zones de production : Allada pour l’ananas, Kpomassè pour la tomate, Zakpota pour l’orange, Natitingou pour la mangue, Parakou pour la noix de cajou et Bantè pour la pomme d’anacarde. Objectifs d’un tel déploiement : doper l’emploi, accroître la production de fruits, lutter contre les pertes post-récoltes et accélérer l’industrialisation du pays, tout en diversifiant et en augmentant la valeur ajoutée des exportations.

Livrées en 2013, les usines n’ont toutefois trouvé un exploitant que fin octobre 2014, avec la signature d’un contrat de location-gérance entre l’État et la Nouvelle Conserverie algérienne (NCA-Rouiba), leader algérien des boissons à base de fruits.

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Marché nigérian

Déjà présent en Tunisie et bientôt au Maroc, le groupe n’a évidemment pas choisi le Bénin par hasard pour développer ses activités en Afrique subsaharienne. « Le pays est stable, et il est proche de l’immense marché nigérian », explique Sahbi Othmani, le directeur général de NCA-Rouiba, qui dit avoir trouvé sur place des fruits « d’une qualité exceptionnelle ».

Si le champion algérien ne doute pas de la rentabilité des marchés visés, il doit en revanche vérifier que ses produits seront compétitifs, compte tenu des coûts de production locaux. « Nous devons passer par une période de test, confirme l’homme d’affaires, afin de mieux connaître la chaîne de valeur. » à commencer par la logistique (les infrastructures routières béninoises laissant encore à désirer), mais aussi la collecte, les circuits de vente ou l’administration – notamment les douanes.

Une étape d’autant plus essentielle pour le groupe qu’il est présent justement sur la majeure partie de la chaîne, depuis la fabrication jusqu’à la commercialisation. NCA-Rouiba ne précisera donc le montant de ses investissements au Bénin qu’à l’issue de la phase exploratoire (en cours), et après consultation de ses actionnaires.

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Selon les termes du contrat, le groupe doit tester les six usines pendant un à deux ans maximum et disposera ensuite d’un droit préférentiel pour choisir les unités qui l’intéressent le plus. « Nous retiendrons celles dont le modèle économique sera viable et pour lesquelles nous aurons su résoudre les éventuels problèmes », indique Sahbi Othmani.

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La première usine à entrer en production sera l’unité de transformation d’ananas d’Allada (à 50 km au nord de Cotonou), dont les produits pourront être distribués au Bénin, au Nigeria voisin et jusqu’en Europe. En décembre, NCA-Rouiba y a envoyé une équipe technique afin de réaliser un diagnostic approfondi des installations, qui se sont dégradées faute d’avoir été utilisées depuis la livraison de l’usine.

Pour le moment, la capacité de traitement est modeste (500 kg de matière première par heure), ce qui arrange l’industriel, qui pourra ainsi tester la production et le marché « grandeur nature », mais sur un faible volume.

Potentiel

« Nous voulons nous engager sur le long terme car nous croyons au potentiel de croissance de la région, avec le développement de la grande et de la petite distribution, précise Sahbi Othmani. Le gouvernement béninois affiche une grande volonté, et nous a même aidés à résoudre notre principale difficulté, le transfert des fonds depuis l’Algérie. »

Les conditions imposées par l’État algérien aux entreprises privées pour investir hors du pays sont en effet draconiennes. Aussi le ministère béninois de l’Économie et celui des Affaires étrangères ont-ils été sollicités, dès octobre 2014, pour « faciliter les relations financières ». Toute l’opération dépend donc désormais de l’autorisation de transfert de fonds de la Banque d’Algérie.

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