Rap : Coely Mbueno, tout d’une grande
C’est la sensation rap du moment en Belgique : une jeune Anversoise d’origine congolaise bourrée d’énergie.
"Je veux donner une nouvelle fraîcheur à la old school !" L’ambition de Coely lui permet déjà d’entamer un tour du monde pour faire entendre son mix de soul et de rap au-delà des frontières du plat pays, où elle est née le 5 janvier "mille neuf cent nonante-quatre".
En novembre 2014, son énergie séduisait le public de la salle parisienne La Bellevilloise. Le collectif organisateur de l’événement, Madmoizelles, qui met à l’affiche de jeunes talents prometteurs, a flashé sur cette artiste, "de la même trempe que la rappeuse américaine Akua Naru". "On avait repéré son clip "Ain’t Chasing Pavements" sur internet, explique à Jeune Afrique Julien, le "Monsieur" du collectif.
De fil en aiguille s’est créée une relation, grâce à laquelle ce concert est devenu possible. Verdict : on n’a qu’une hâte, pouvoir la faire rejouer !" Ils ne sont pas les seuls, dans le milieu musical, à vanter les qualités de la rappeuse et à espérer l’avoir à l’affiche. C’est le cas de François Delaunay, codirecteur du Chabada, une salle de musiques actuelles à Angers.
Sa trajectoire ressemble à celle de bon nombre d’artistes auxquelles on la compare, comme Lauryn Hill à ses débuts.
"Coely a tous les atouts : un goût sûr et un entourage protecteur. Elle ira loin", assure-t-il. Sébastien Lascoux travaille, lui, pour Radio Néo, la première radio qui, fin 2013, a parlé de la rappeuse et en a diffusé les titres. "Son côté très anglo-saxon et son appétit musical sont assez surprenants pour une fille de son âge. On aime, on soutient !" explique cet observateur de la scène musicale belge, qu’il apprécie pour son inventivité.
Coely (son vrai prénom) semble ignorer ce nouveau statut de rappeuse à suivre. Détendue, en chemise bariolée et baskets, volontiers rieuse, elle a la même énergie inépuisable sur scène que dans la vie. "Je suis vraiment chanceuse de faire ce que je fais, oh yes !" dit-elle en mélangeant l’anglais et le français. Sa trajectoire ressemble à celle de bon nombre d’artistes auxquelles on la compare, comme Lauryn Hill à ses débuts.
Débuts à l’église
La musique est une histoire de famille, débutée à l’église, où elle ne va plus par manque de temps, mais qui reste "dans [son] coeur". "Je suis kimbanguiste. Ma mère dirigeait la chorale, j’ai commencé à y chanter vers 14 ans." À la même époque, elle tombe dans la marmite MTV, où mijotent séries et clips hip-hop américains. "C’était le devil ! [rires] J’ai commencé à imiter ce que je voyais ; je trouvais ça cool. De fil en aiguille, mon anglais s’est amélioré."
C’est presque sur un malentendu que sa carrière de MC a commencé. "J’allais toujours dans un centre pour les jeunes. Le rap n’était pas du tout mon truc, se souvient-elle. J’ai timidement rappé Moment for Life, de Nicki Minaj, dont j’aimais le thème, devant les autres : ils ont adoré !" Et la voilà embarquée avec le label Beatville, son "crew", avec qui elle crée sa première chanson.
Mais avant qu’elle puisse vivre sa passion de manière professionnelle, il leur a tous fallu convaincre l’un des piliers de sa vie : sa mère. Et de se remémorer, dans un rire, la visite à cette dernière pour la convaincre de sa destinée de chanteuse… Grand bien lui en a pris.
À peine bachelière, Coely fait l’ouverture du prestigieux festival belge Couleur Café en juin 2013. Un vertige la saisit, en revenant sur les deux années passées, vécues au gré de concerts donnés aux quatre coins du monde. La fan de fitness et de mode qui parle néerlandais, français, anglais et lingala surjoue-t-elle la carte de la tête bien faite et des pieds bien sur terre ?
Elle rêve d’une trajectoire à la Selah Sue ou à la Stromae, ses compatriotes à la stature internationale.
En mai 2014, les spectateurs qui ont assisté à sa prestation lors du festival Sakifo à La Réunion se souviennent comment elle a éclaté en sanglots avant de se lancer dans un set énergique. Chez Coely, l’émotion n’est jamais loin. Avec la même spontanéité, elle raconte son enfance et son adolescence anversoises, bercées par les stars congolaises comme M’Bilia Bel, Papa Wemba et Werrason, ou américaines telles Luther Vandross, Mariah Carey, Fat Joe ou Eve.
"J’ai dû grandir vite"
Le divorce de ses parents est le seul accroc que l’on découvre en fouillant sa – courte – biographie. Elle s’est constituée "[son] autre famille", cette équipe qu’elle a connue à l’âge de 16 ans. Son manager confirme son rôle de garde-fou : "Elle est jeune. On veille tous à ce que rien de ce qui lui arrive ne lui monte à la tête."
"Grâce à la musique, je vis tellement d’expériences. J’ai dû grandir vite", constate Coely, dont le credo reste pourtant "lentement mais sûrement". Ainsi son premier album "prévu pour 2015-2016", successeur de l’EP Raah The Soulful Yeah "ne sortira pas avant d’être parfait".
Malgré les tournées et le succès naissant, Coely réside toujours chez sa mère, "supercontente" de tout ce qui lui arrive. En attendant de rendre celle-ci encore plus fière "en se mariant selon la tradition congolaise", Coely rêve d’une trajectoire à la Selah Sue ou à la Stromae, ses compatriotes à la stature internationale. "Ce serait cool que le monde entier me connaisse !" dit-elle dans un éclat de rire final. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
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Retrouvez Coely Mbueno en concert le 24 avril à Lille (France).
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