RDC : Filimbi a-t-il un avenir ?
La répression des autorités de Kinshasa et le discrédit de la classe politique congolaise pourraient ouvrir un boulevard au tout jeune mouvement citoyen Filimbi.
Leur conférence de presse de lancement, mi-mars, n’aurait jamais eu un tel écho sans l’intervention musclée des autorités congolaises. En interpellant des militants et des journalistes étrangers (et même, brièvement, un diplomate américain), Kinshasa a propulsé sur le devant de la scène un mouvement jusqu’alors inconnu. Mais cela ira-t-il plus loin ? La tension politique qui prévaut en RD Congo pourrait offrir à Filimbi un terreau propice à son développement.
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À moins de deux ans de la présidentielle congolaise, les intentions du président Joseph Kabila, auquel la Constitution interdit de se représenter, restent floues. Mais cela ne veut pas dire que le mouvement a les moyens de s’enraciner : une partie de ses cadres a été placée en détention et l’autre, à laquelle appartient le coordonnateur Floribert Anzuluni, s’est réfugiée dans une clandestinité handicapante.
Les fondateurs de Filimbi sont des Congolais plus ou moins jeunes, souvent éduqués et parfois employés dans de grandes entreprises. La plupart vivent dans des grandes villes, comme Goma et surtout Kinshasa. Certains voyagent beaucoup et sont très connectés. D’autres ont des liens, y compris familiaux, avec la classe politique congolaise, mais cela ne les empêche pas de vouloir rompre avec cette "politicaillerie".
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Il est vrai que le discrédit touche beaucoup d’hommes politiques : leurs allers-retours entre l’opposition et le gouvernement sont fréquents. Les quelques organisations congolaises capables de faire descendre la foule dans la rue (l’Église catholique et certains partis d’opposition) recrutent souvent sur une base communautaire qu’elles peinent à élargir.
Et en l’absence de leaders comme Étienne Tshisekedi (malade, en Belgique) ou Jean-Pierre Bemba (détenu par la Cour pénale internationale), certaines formations semblent même en perte de vitesse.
Clivages
Tout ceci pourrait ouvrir un boulevard à Filimbi, qui espère transcender les clivages. Mais il faudra pour cela qu’il démontre sa capacité à mobiliser au-delà des intellectuels de La Gombe. Le mouvement n’a, pour l’instant, pas de lien avec les manifestants et émeutiers du mois de janvier. Principalement issus des quartiers populaires et de l’université de Kinshasa, ces derniers avaient réussi à faire reculer le pouvoir sur la question de la loi électorale.
Filimbi cherche justement à canaliser ces jeunes et à les inciter à participer à la vie publique. Pour cela, il compte beaucoup sur les conseils et l’expérience de ses homologues sénégalais et burkinabè. Depuis leur repaire clandestin, les cadres ont maintenu le contact avec eux.
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