Algérie : dans les pas de Daesh

D’Aqmi à l’EI, il n’y a qu’un pas, franchi par le groupe Jund el-Khilafa en septembre. Au nom du califat, ils ont kidnappé et exécuté le guide français Hervé Gourdel en Kabylie, avant d’être arrêtés.

Hervé Gourdel assassiner en septembre 2014. © AFP

Hervé Gourdel assassiner en septembre 2014. © AFP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 13 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Présent dans l’Est libyen, le Conseil de la Choura de la jeunesse islamiste a prêté allégeance à l’EI en octobre. © Stringer/Reuters
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Maghreb, les invasions barbares

Renforcé par le ralliement de jihadistes de la région jusqu’alors affiliés à Al-Qaïda, l’État islamique menace l’Afrique du Nord. Mais alors qu’en Libye, comme en Irak et en Syrie, le califat se nourrit du chaos et des conflits confessionnels, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte ne sont pas si vulnérables…

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Ce dimanche 21 septembre 2014, le hasard a mis Hervé Gourdel, 55 ans, guide français de haute montagne, sur la route des hommes de Jund el-Khilafa ("Les soldats du califat"), un groupe de 65 dissidents d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui avaient prêté allégeance à l’État islamique (EI) une semaine plus tôt. Hervé Gourdel est enlevé de nuit, à son retour d’une randonnée dans le massif de Tikjda, en Kabylie.

On estime à 500 le nombre de terroristes actifs dans le nord du pays. Mais, ultramédiatisé, le rapt de ce touriste français par une franchise de l’EI en Algérie est une mauvaise nouvelle pour l’État. Localiser Jund el-Khilafa, et l’éliminer au plus vite, devient donc une priorité pour Alger.

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Traque dans le Djurdjura

La mission est confiée au Service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat), qui dépend du DRS (Département du renseignement et de la sécurité, les services secrets) : débriefing des cinq accompagnateurs du guide, utilisation d’hélicoptères à vision nocturne et de matériel d’écoutes, déploiement de centaines de militaires dans les montagnes du Djurdjura… traque.

Ils n’empêcheront pas la décapitation d’Hervé Gourdel, deux jours après le rapt, en représailles de l’engagement français dans les raids aériens contre l’État islamique en Irak. Mais les ravisseurs sont identifiés une semaine plus tard, grâce à deux vidéos diffusées sur le Net qui permettent d’analyser leurs voix, leur armement et la topographie des lieux. Le groupe est dirigé par Abdelmalek Gouri, 37 ans, alias Khaled Abou Souleïmane, un vétéran du jihad qui avait bénéficié de la grâce présidentielle en 1999 avant de reprendre les armes.

Au suivant ?

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Quelques mois avant le kidnapping, il avait miraculeusement échappé à un piège tendu par l’armée dans la région de Boumerdes, à l’est d’Alger. Début octobre, la découverte de téléphones dans le bivouac où l’otage a été détenu puis exécuté donne un coup d’accélérateur à la traque. Les services de sécurité renforcent la surveillance entre Tizi Ouzou et Boumerdes. Abdelmalek Gouri est localisé, mais une fois de plus, il réussit à échapper à une embuscade nocturne. Dans la nuit du 22 au 23 décembre, il sera finalement abattu avec deux de ses acolytes aux Issers, à 100 km d’Alger.

Grâce aux renseignements fournis par un terroriste fait prisonnier, la dépouille d’Hervé Gourdel est retrouvée le 15 janvier 2015. Ainsi s’achève le périple sanglant de Jund el-Khilafa, unique groupe officiellement affilié à l’EI et actif en Algérie. Mais la menace d’en voir un autre prendre ses distances avec Aqmi pour rejoindre les rangs du califat n’est pas écartée.

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