Racisme en Tunisie : Saadia Mosbah, l’indignée

De retour d’une tournée dans le Sud, l’égérie tunisienne de la lutte contre le racisme appelle à un débat national, mais peine à se faire entendre.

La présidente de M’nemti, à Tunis, le 2 avril. © Ons Abid/J.A.

La présidente de M’nemti, à Tunis, le 2 avril. © Ons Abid/J.A.

Publié le 9 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Elle revient du Sud tunisien où elle a mené, le 21 mars, une caravane contre le racisme. Saadia Mosbah, présidente de l’association M’nemti, est révoltée. "À Djerba, les fiches d’état civil des Noirs portent encore la mention "affranchi par", s’insurge-t-elle. Et, comme à Mahdia, un cimetière leur est réservé.

Encore aujourd’hui, à Médenine, les enfants noirs du village de Gosba et les écoliers blancs de Drouj vont à la même école, mais pas dans le même bus !" Quant aux pâtissiers de Djerba qui font travailler les mêmes familles noires depuis des générations, les entendre dire : "Oussifi" ("c’est mon nègre") reste courant…

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Déni

Le gouverneur de la région n’a pas daigné entendre les revendications portées par l’égérie tunisienne de la lutte contre les discriminations raciales, mais cela n’a altéré ni son sourire ni son incroyable énergie. Le déni de racisme des autorités, elle y est habituée. "Vous êtes les bienvenus", s’entend souvent dire cette mère de deux jeunes gens et épouse du célèbre chanteur noir tunisien Slah Mosbah, née à Bab Souika, au coeur du vieux Tunis.

"Je n’ai pas à être bienvenue, je récuse cette pseudo-tolérance. Je suis chez moi, une citoyenne à part entière avec une particularité physique visible", s’offusque celle qui définit le racisme en Tunisie comme "quelque chose de silencieux, de rampant", et qui souhaite vivre, à 55 ans, dans un pays de diversité. Avec des ancêtres originaires de Tombouctou (Mali) et une peau d’ébène, Saadia Mosbah sait d’où elle vient, mais aussi où elle va.

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Son ambition : susciter un débat national sur le racisme et obtenir la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité. Droite dans ses bottes, cette chef de cabine de Tunisair, qui a aussi subi le racisme au travail, estime que la nouvelle Constitution est imprécise en matière de droits des minorités et ne définit pas la discrimination. Et regrette le manque de représentativité des Noirs tunisiens au gouvernement et à l’Assemblée.

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