RDC : passe-droits, triche et tracas

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  • Tshitenge Lubabu M.K.

    Ancien journaliste à Jeune Afrique, spécialiste de la République démocratique du Congo, de l’Afrique centrale et de l’Histoire africaine, Tshitenge Lubabu écrit régulièrement des Post-scriptum depuis son pays natal.

Publié le 3 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Aéroport d’Amsterdam, aux Pays-Bas. Depuis une heure, devant le comptoir de la compagnie KLM-Air France, les passagers à destination de Paris se plient aux formalités habituelles avant l’embarquement. La file n’est pas très longue. Un monsieur vêtu d’un costume sombre de grande marque, une cravate chic lui enserrant le cou, tire deux grosses valises. Sans la moindre gêne, il dépasse tous ceux qui le précèdent et se place en deuxième position.

Des regards courroucés transpercent son corps. Des murmures d’indignation brisent le silence. L’homme n’en a cure. Dès que la voie se dégage, il se précipite sur le comptoir. Face à lui, une jeune dame un peu déconcertée.

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"Bonjour, madame", commence le passager. "Je suis venu de Paris hier et je rentre aujourd’hui. À l’aller, je n’avais aucun kilo. Votre collègue de Paris m’a dit de vous voir afin que je puisse profiter de mes kilos au retour. Voilà." La dame garde tout son calme. "Je ne comprends pas, monsieur, réplique-t-elle. Si vous avez voyagé sans bagage à l’aller, vous ne pouvez pas récupérer vos kilos au retour."

Le voyageur ne se démonte pas : "Mais si ! Parce que votre collègue m’a chargé de vous le dire, à vous personnellement !" Les autres passagers sont au bord de l’explosion. Ils ne comprennent pas la logique de cet oiseau venu des tropiques, habillé comme s’il allait assister à un mariage. Finalement, l’homme qui se croyait malin, au bout d’un quart d’heure de cirque, paie ses kilos de trop. Il y en avait 70 !

Il est des gens qui, même s’ils mènent une existence aisée, ne font preuve d’aucun savoir-vivre et sont prêts à tricher à la moindre occasion.

Kinshasa, République démocratique du Congo. Il est 8 h 45. Le boulevard du 30-Juin, qui s’étend sur cinq kilomètres dans le nord de la ville, bouchonne. Les automobiles sont collées les unes aux autres. Les conducteurs se montrent patients. Soudain, pin-pon, pin-pon, pin-pon… Les tympans paniquent. Un cortège arrive. Tout le monde a compris qu’il s’agit d’une "autorité".

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Chacun s’arrange comme il peut pour céder le passage. Un véhicule, un deuxième, puis un troisième, dans lequel on aperçoit un monsieur à l’air plus que distingué. Sans doute un "en haut d’en haut" parce qu’un pick-up rempli de policiers, l’arme au poing, ferme le petit cortège. Soudain, l’inimaginable se produit. Arrivé au niveau d’un passage réservé aux piétons, le cortège s’engage sur la voie de gauche, en sens inverse ! Pin-pon, pin-pon, pin-pon.

Comme si de rien n’était. Je me surprends à maugréer : "Monsieur l’autorité, je vous arrête au nom de la loi pour violation aggravée et délibérée du code de la route, mise en danger de la vie d’autrui, abus de pouvoir, orgueil démesuré, mépris de l’humanité, atteinte à la liberté de circuler." Mais je prends conscience que je ne suis pas de la police routière, qui a laissé faire. Encore moins justicier. Et il est des gens qui pensent que le pouvoir est tout, qu’ils n’ont rien à respecter.

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Enfin, dans un quartier populaire de Kinshasa, une dame entend des éclats de voix devant le portail de sa maison. Elle s’empresse d’aller voir ce qui se passe. Son gardien est en pleine dispute avec une demoiselle. "Que se passe-t-il ?" demande-t-elle. Réponse du gardien, pleurnichant : "Madame, cette fille m’a gravement insulté. Elle m’a traité d’individu !" Je confirme : individu ! Il est des gens qui, à cause de malentendus, créent des conflits. 

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