« Le Challat de Tunis » : le balafreur de fesses, les Tunisiennes et les conservateurs

« Le Challat de Tunis », film de Kaouther Ben Hania, revient sur un fait divers qui a traumatisé la Tunisie : l’histoire d’un pervers en scooter qui essayait de balafrer avec son couteau les fesses des passantes.

Un film qui sonde les mentalités tunisiennes. © Abdel Belhadi/Cine telefilms

Un film qui sonde les mentalités tunisiennes. © Abdel Belhadi/Cine telefilms

Renaud de Rochebrune

Publié le 2 avril 2015 Lecture : 1 minute.

Au départ, une histoire vraie. En 2003, un homme en scooter rôde dans les rues de Tunis et, un couteau à la main, tente de balafrer les fesses de femmes qu’il attaque par-derrière. On dénombre 11 agressions, mais, malgré l’arrestation d’un suspect, le "pervers en série", qu’on surnommera le Challat ("le balafreur"), restera introuvable.

L’affaire fit grand bruit et provoqua une véritable psychose, libérant des fantasmes souvent extravagants. Notamment du côté des conservateurs et des religieux, qui se demandèrent si ces attaques ne venaient pas punir légitimement des femmes trop court-vêtues ou provocatrices… Dix ans après les faits, au lendemain d’une révolution qui a notamment permis qu’un tel sujet puisse être abordé en toute liberté, la réalisatrice Kaouther Ben Hania a repris l’enquête.

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Bouc émissaire

En consultant les archives policières, en interrogeant des protagonistes de la traque, en rencontrant des victimes et le principal suspect de l’époque, qui servit de bouc émissaire. Mais aussi en proposant un film plein de digressions et d’hypothèses qui reconstruit toute l’histoire en s’interrogeant sur la mentalité des Tunisiens, notamment sur le plan sexuel, et sur leur évolution récente.

En résulte un film passionnant et souvent amusant, tourné caméra au poing, à la frontière du documentaire et de la fiction. Qui peut se regarder aussi bien comme une curieuse investigation "criminelle" qui ne se soucie guère, en fin de compte, de trouver le coupable que comme un long-métrage féministe volontiers satirique et sans illusions sur l’état des moeurs dans la Tunisie contemporaine. 

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Le Challat de Tunis, de Kaouther Ben Hania (sortie à Paris le 1er avril)

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