Vassiriki Konaté, champion de la transformation

En cinq ans, Vassiriki Konaté a bâti un solide ensemble agro-industriel. Des agrumes au coton en passant par la noix de cajou, il compte structurer ses activités en un seul holding.

Il s’est fait une spécialité de la reprise d’entreprises en difficulté. © Lougue/JA

Il s’est fait une spécialité de la reprise d’entreprises en difficulté. © Lougue/JA

Publié le 18 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

C’est en toute discrétion que Vassiriki Konaté construit, pas à pas, un véritable empire agro-industriel en Côte d’Ivoire. Ses actifs dans le secteur sont estimés à 20 milliards de F CFA (30,5 millions d’euros). Et, d’ici à juillet prochain, avant de fêter son 40e anniversaire, il compte structurer et consolider toutes ses activités (textile, anacarde, cacao, agrumes…) en un seul holding, qui emploiera alors quelque 10 000 personnes. « J’en ouvrirai le capital à des investisseurs privés nationaux et internationaux », précise-t-il.

Diplômé en communication à HEC Abidjan et en commerce à HEC Paris, l’homme d’affaires ivoirien a longtemps évolué loin des champs. Repéré par Bernard Koné Dossongui, il affiche un parcours classique de directeur régional puis de directeur tout court du pôle assurance du Groupe Atlantique. En 2007, le virage est pris. Celui dont le père, Adama, a été sous Houphouët-Boigny lauréat de la Coupe nationale du progrès (qui récompensait le meilleur agriculteur du pays) sort alors son autre diplôme, un troisième cycle en économie rurale à l’université d’Abidjan, pour monter sa première unité industrielle, spécialisée dans les agrumes et les huiles essentielles, dans la région du Kabadougou (nord-ouest).

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Il a commencé sa carrière sous l’aile de Bernard Koné Dossongui, patron du Groupe Atlantique.

En 2010, tout s’accélère. Vassiriki Konaté reprend successivement deux entreprises, la Société agro-industrielle de Mamini, proche d’Abidjan, et le Consortium des agrumes et plantes à parfum de Côte d’Ivoire (Coci), dans la région de Sassandra. Le rachat de ce dernier complexe agro-industriel, l’un des plus grands du Sud-Ouest ivoirien, avec une capacité de production annuelle de 22 000 tonnes et 6 000 ha de plantations, le positionne comme un acteur de poids. En juillet 2012, nouveau coup de maître, dans le coton cette fois. À la tête de la Société des textiles de Côte d’Ivoire (Sotexi), un groupe d’opérateurs privés ivoiriens, Vassiriki Konaté rafle la mise (pour seulement 2 millions d’euros) dans la procédure de cession de l’Union industrielle textile de Côte d’Ivoire (Utexi), l’une des trois filatures du pays.

Opportuniste

Repreneur d’entreprises en difficulté, Vassiriki Konaté croit en l’immense potentiel de la transformation agricole en Côte d’Ivoire. Christian Adovèlandé, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), le présente ainsi comme l’un des meilleurs promoteurs de l’agro-industrie au sud du Sahara. L’institution pourrait mettre à sa disposition 5 milliards de F CFA pour la relance d’Utexi, prévue pour février. « C’est un opportuniste redoutable en affaires, qui veut parfois passer en force mais qui tient ses promesses », souligne de son côté le dirigeant d’un important cabinet de conseil de la place. Ses prochains objectifs ? La reprise de la société de trituration de coton Olhéol Industrie (ex-Trituraf), la création d’une usine de transformation de fèves de cacao en beurre à Daloa (Centre-Ouest) pour une capacité de production annuelle de 10 000 t, puis l’extension de ses activités au palmier à huile et à l’hévéa.

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Financièrement, l’entrepreneur ne semble pas avoir grand-chose à craindre. Sa proximité avec Bernard Koné Dossongui aide et rassure. Plusieurs banques locales l’ont financé à hauteur de 5 milliards de F CFA afin qu’il crée Ivoire Cajou, une société de transformation de noix de cajou dotée de cinq unités industrielles (sur trois sites à Korhogo, Séguéla et Bouna) et d’une capacité de production totale de 25 000 t par an. Entre cette compagnie (dont les revenus pourraient dépasser 12 millions d’euros en 2013), Utexi (qui affichait 96 millions d’euros de chiffre d’affaires avant sa fermeture, il y a dix ans), les agrumes et l’anacarde, le futur holding jouera à n’en pas douter les premiers rôles.

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