Espagne : les centristes sont lâchés !

Déjà quatrième parti d’Espagne, Ciudadanos pourrait devenir après les élections générales de la fin de l’année le partenaire incontournable de toute majorité. De droite comme de gauche.

Albert Rivera, le chef de file du parti Ciudadanos (à gauche) en meeting dimanche avec Juan Marin, © Jorge Guerrero/AFP

Albert Rivera, le chef de file du parti Ciudadanos (à gauche) en meeting dimanche avec Juan Marin, © Jorge Guerrero/AFP

Publié le 3 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

Le parti centriste Ciudadanos ("citoyens") a multiplié par dix ses scores électoraux en à peine un an. Sans doute est-il aujourd’hui la quatrième force politique en Espagne, comme semblent le confirmer les résultats des élections régionales anticipées en Andalousie, le 22 mars (il a recueilli 9,26 % des suffrages). C’est la première fois que ce parti, créé il y a huit ans en Catalogne, participait à une consultation hors de sa région d’origine. Et il a surpris tout le monde : les partis traditionnels (PP et PSOE) comme Podemos.

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Aux antipodes des critiques souvent virulentes de ce dernier contre "le système", Ciudadanos appelle au dialogue et tente d’amorcer un changement en douceur. Plutôt que de se poser en ennemi des autres partis, il préfère dénoncer le chômage et la corruption de nombre de responsables politiques. Né en réaction aux revendications nationalistes catalanes, le parti a renoncé à son nom catalan, "Ciutadans", quand il a commencé à se développer au niveau national.

Son programme (égalité de droits et de devoirs entre toutes les régions, défense du bilinguisme, création d’un contrat de travail à durée indéterminée) séduit en ces temps de marasme économique et de crise de confiance. Mais son essor doit aussi beaucoup au charisme de son leader, Albert Rivera, un jeune (35 ans) avocat barcelonais à l’allure sportive. Son électorat est majoritairement de droite – il est pour l’essentiel constitué de déçus du PP -, mais Ciudadanos est plus proche de la gauche sur des sujets de société comme le mariage homosexuel.

Mis au point par l’universitaire Luis Garicano, qui enseigne à la London School of Economics, son programme rassure les entrepreneurs : il est favorable à une plus grande ouverture du marché à la concurrence, veut attirer davantage de capitaux étrangers et faciliter la création d’entreprises. Il prévoit aussi l’envoi des chômeurs de longue durée en formation et l’octroi de primes aux employeurs qui les recruteront.

Surprises

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À deux mois des élections municipales et régionales, Ciudadanos est crédité de 15,8 % des intentions de vote dans la région de Madrid. Et les élections générales, qui auront lieu à la fin de l’année, pourraient réserver des surprises. À en croire un sondage du 8 mars de l’institut Metroscopia, il recueillerait 18,4 % des intentions de vote, juste derrière le PP.

Rivera est le seul homme politique à réunir une majorité d’opinions favorables : 56 %, contre 24 % pour Mariano Rajoy, l’actuel président du gouvernement. Son parti sera très probablement le partenaire incontournable d’un gouvernement de coalition. D’ailleurs, 73 % de ses électeurs seraient prêts à négocier avec le PP, tandis que 70 % d’entre eux n’excluent pas du tout de soutenir une coalition avec le PSOE. Plus centriste, tu meurs ! l Marie Villacèque, à Madrid

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