Un Roumain, employé d’une mine, enlevé dans le nord du Burkina Faso
Des hommes armés ont enlevé samedi un Roumain, responsable de la sécurité d’une mine du nord du Burkina Faso. Une première dans ce pays sahélien jusqu’alors épargné par les enlèvements d’Occidentaux, contrairement au Mali et au Niger voisins.
"Ils ont d’abord tiré sur le gendarme, le blessant grièvement, avant d’enlever le Roumain qui, lui, n’était pas armé", a raconté à l’AFP un responsable de la gendarmerie burkinabè, indiquant que l’otage était l’"agent de sécurité de la mine".
L’incident est survenu durant une patrouille, a indiqué Souleymane Mien, le directeur général du site, situé dans la ville burkinabè de Tambao. Un véhicule dans lequel se trouvait le gendarme et le responsable de la sécurité, conduits par un chauffeur, a été arrêté par cinq hommes armés "enturbannés", selon M. Mien.
"Le gendarme a été blessé à la tête, au thorax et au niveau du bassin. Ils ont dit au chauffeur de courir puis ils lui ont tiré dans une cuisse. C’est lui qui a donné l’alerte", a poursuivi ce cadre de la mine, interrogé par l’AFP.
"Le gendarme grièvement blessé est en train d’être évacué à Ouagadougou", a annoncé le gouvernement burkinabè, qui a confirmé l’"attaque", survenue vers 10H30 (locales et GMT), durant laquelle "un expatrié européen travaillant à la mine a été "enlevé".
"Des investigations sont actuellement en cours en vue de retrouver les assaillants, qui ont pris la fuite en direction de la frontière Burkina-Niger", a poursuivi le gouvernement, condamnant "un acte barbare et lâche" dans un communiqué lu à la télévision nationale.
Les autorités maliennes ont envoyé "des hommes armés" vers la frontière pour "éventuellement intercepter" les assaillants, a indiqué une source malienne.
Aucun indice permettant de les identifier n’a pour l’instant été communiqué. "Ils portaient des turbans. On ne sait pas qui c’est car il y a plusieurs communautés qui habitent dans la zone", a commenté Souleymane Mien.
D’après un haut gradé burkinabè, un détachement militaire parti de Gorom-Gorom (400 km au nord de Ouagadougou) doit rejoindre la ville de Tambao. Des éléments du Régiment de sécurité présidentielle, une unité d’élite, seront également envoyés sur place.
La Roumanie, qui ne dispose pas d’ambassade à Ouagadougou, n’a ni confirmé, ni infirmé ce rapt. Le ministère roumain des Affaires étrangères s’est contenté d’indiquer avoir mis en place "une cellule de crise" afin d’"analyser les informations" provenant du Burkina Faso.
‘Zone rouge’
Le président burkinabè Blaise Compaoré, renversé par la rue fin octobre après 27 ans de règne, a longtemps fait office de médiateur entre Bamako et une rébellion à dominante touareg du nord du Mali, une région contrôlée près de dix mois entre 2012 et début 2013 par des groupes liés à Al-Qaïda.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent au contrôle de Bamako.
Tambao se trouve à environ 350 km à vol d’oiseau de Gao, une importante ville malienne près de laquelle un employé de la Croix-Rouge a été tué fin mars par le Mujao, un groupe jihadiste.
"Le Sahel burkinabè est en zone rouge. Les consignes que l’on répète tout le temps, c’est de ne pas circuler dans cette partie du pays sauf raison expresse. Et dans ce cas, d’être accompagné d’une escorte", a commenté un diplomate occidental basé à Ouagadougou.
La mine, qui dispose de réserves de manganèse estimées à 100 millions de tonnes, a été octroyée à la société britannique Pan African Minerals (PAM) de l’homme d’affaire australo-roumain Frank Timis.
Une "attaque" sur le site en janvier dernier avait provoqué "une large évacuation" de son personnel, et notamment de "la plupart de ses expatriés", selon ce diplomate. Souleymane Mien, le directeur général de la mine, a démenti toute menace d’ordre sécuritaire.
La population des villages voisins de Tambao a violemment protesté fin février contre la PAM, s’en prenant à certains de ses actifs, pour exiger le bitumage d’une route désenclavant leur région que l’entreprise s’était engagée à réaliser.
Mi-mars, le gouvernement burkinabè a suspendu la licence d’exportation de cette société, qui contractuellement doit aussi construire une ligne de chemin de fer entre Tambao et la ville de Kaya, située sur la boucle ferroviaire Abidjan-Ouagadougou.
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