Gabon : heurts à Libreville après l’annonce du décès d’André Mba Obame

L’annonce du décès d’André Mba Obame, ancien leader de l’opposition gabonaise, a suscité dimanche la colère de ses partisans à Libreville. Les manifestants ont incendié des voitures et des bâtiments, dont celui de l’ambassade du Bénin.

André Mba Obame lors d’une visite à Jeune Afrique, le 14 septembre 2010, à Paris. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

André Mba Obame lors d’une visite à Jeune Afrique, le 14 septembre 2010, à Paris. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Publié le 13 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Confirmée par sa famille, la mort d’André Mba Obame, 58 ans et gravement malade ces dernières années, a été annoncée dimanche après-midi par son parti politique, l’Union nationale (UN), le principal parti d’opposition au Gabon.

"L’UN a appris avec une profonde affliction le décès de Mr André Mba Obame, secrétaire exécutif du parti, survenu ce dimanche 12 Avril 2015 à 12h00 à Yaoundé, au Cameroun", a annoncé dans un communiqué Zacharie Myboto, le président de l’UN, sans préciser les circonstances du décès. "C’est une immense perte pour l’Union Nationale, l’opposition gabonaise et pour notre pays. Les compagnons de lutte du parti s’inclinent devant la mémoire de ce patriote émérite qui n’a jamais ménagé aucun effort pour le combat de la libération du Gabon du système dynastique actuel."

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L’ambassade du Bénin en feu

L’annonce de la disparition du leader de l’opposition a provoqué des heurts dans différents quartiers de la capitale Libreville, où des manifestants ont laissé éclater leur colère avant d’être dispersés par un important dispositif policier. Ils accusent notamment le pouvoir d’avoir jeté des sorts à l’opposant numéro un d’Ali Bongo Ondimba, lesquels seraient à l’origine de ses problèmes de santé.

Près du siège de l’UN, les opposants ont érigé des barricades et incendié plusieurs voitures. Selon les témoignages d’habitants et de syndicalistes, ils ont également mis le feu à l’ambassade du Bénin, dont le bâtiment était en flamme aux environs de 20h30 locales (19h30 GMT) dans le quartier Ancienne Sobraga. L’opposition est en effet très critique à l’égard du directeur de cabinet de la présidence, Maixent Accrombessi, d’origine béninoise et naturalisé gabonais. Une forte pluie, ainsi qu’un important dispositif de sécurité, ont finalement contribué à disperser les manifestants en milieu de soirée.

Ancien baron du régime passé dans l’opposition – il a notamment été ministre de l’Intérieur André Mba Obame, dit AMO, avait contesté la victoire à la présidentielle d’Ali Bongo, le fils de l’ancien président Omar Bongo décédé en 2009, et s’était autoproclamé président de la République en 2011. L’UN avait alors été dissous, et n’a été réhabilité que le 4 février dernier.

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De graves problèmes de santé

Figure charismatique de l’opposition, André Mba Obame n’était presque plus apparu en public depuis trois ans en raison de lourds problèmes de santé. Sa dernière apparition remontait à juin 2013. Affaibli et fatigué, l’opposant était arrivé en boitillant avec des béquilles à une messe à la cathédrale Sainte-Marie de Libreville, devant près de 3 000 de ses sympathisants.

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L’origine de ses problèmes de santé demeure floue. En 2012, les médecins lui avait diagnostiqué une "hernie discale postéro-latérale ayant entraîné une sciatique paralysante et hyperalgique". Après une opération en Afrique du Sud, sa rééducation se révèle plus compliquée que prévu. De retour au Gabon en août de la même année, il sera victime d’un accident vasculaire cérébral qui va accélérer la dégradation de sa santé. "J’ai été à plusieurs reprises dans un état de coma avec une paralysie presque totale et des difficultés d’élocution. Ça ressemble à un AVC (accident vasculaire cérébral) mais il n’y pas de traces d’AVC au niveau du cerveau", avait déclaré AMO dans une interview à l’AFP en janvier 2013, assurant qu’il avait été l’objet "d’attaques mystiques répétées", des propos à l’origine des rumeurs sur l’implication du pouvoir dans sa maladie.

En 2013, il quitte le Gabon pour plusieurs mois de soins médicaux à Tunis. Son exil médical va ensuite le conduire à Niamey, au Niger, où il séjourne jusqu’à son arrivée à Yaoundé, il y a quelques semaines.

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