Burkina : que reproche-t-on aux trois anciens ministres de Blaise Compaoré ?

Accusés de « malversations présumées », trois anciens ministres de Blaise Compaoré sont placés en garde-à-vue depuis lundi. Ces arrestations interviennent alors que l’Assemblée intérimaire vient d’adopter une loi interdisant aux partisans de l’ex-président de se présenter aux élections présidentielle et législatives d’octobre prochain.

L’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, renversé le 31 octobre 2014. © AFP

L’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, renversé le 31 octobre 2014. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 8 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Les autorités de transition poursuivent leur "opération nettoyage" dans les rangs du régime Compaoré. Depuis lundi 6 avril, huit partisans et anciens ministres du président déchu ont été arrêtés par les forces de sécurité. Parmi eux figurent trois ministres du dernier gouvernement de l’homme qui a dirigé le pays pendant 27 ans avant d’être renversé par la rue le 31 octobre dernier : Salif Kaboré, Jérôme Bougouma, et Jean-Bertin Ouédraogo.

Salif Kaboré, ex-ministre des Mines et de l’Énergie, a été interpellé lundi soir par des gendarmes et conduit à la section de recherche de gendarmerie de Ouagadougou. Accusé de malversations et de mauvaise gestion présumées à la Sonabel, la société nationale d’électricité, ainsi que dans le secteur minier, il a été placé en garde à vue pour être auditionné par les enquêteurs et est actuellement détenu au camp de gendarmerie Paspanga.

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Son collègue au gouvernement, Jérôme Bougouma, ex-Ministre de l’Administration territoriale et de la sécurité, a lui été interpellé mardi soir. Entendu à la brigade de gendarmerie de Boulmiougou, il est accusé de malversations et de surfacturations présumées et a lui aussi été placé en garde à vue. Comme Kaboré, il est actuellement placé en détention au camp de gendarmerie Paspanga.

Défèrement devant le procureur ?

De son côté, Jean-Bertin Ouédraogo, ex-ministre des Infrastructures et de l’aménagement, a été interpellé lundi soir à son domicile par des policiers. Placé en garde à vue dans un commissariat de la capitale, il est accusé de surfacturations et de malversations présumées dans l’exécution de marchés de travaux publics.

Un communiqué du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité affirme que ces trois anciens ministres, ainsi que cinq autres partisans de l’ex-chef de l’État, "sont gardés à vue pour les nécessités de l’enquête". "Il s’agit de les auditionner, de rassembler les preuves et de les conduire devant le Procureur du Faso", ajoute ce texte.

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Selon un officier de gendamerie joint par Jeune Afrique, leurs gardes à vue de 72 heures "pourraient être prolongées sur ordre du procureur" et ils pourraient être "déférés directement au parquet si des éléments concrets sont découverts à leur encontre".

D’après une source policière, les trois anciens ministres ont été interpellés sur ordre du parquet sur la foi de rapports de l’Autorité supérieure de contrôle d’État (ASCE), qui mène depuis novembre dernier des investigations sur différentes affaires de corruption commises sous le régime Compaoré.

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Des "manoeuvres d’intimidation"

Mais pour leurs proches et les supporters de "Blaise", ces arrestations sont avant tout d’ordre politique. "Ils sont officiellement accusés de malversations, mais officieusement, tout le monde sait bien qu’il s’agit de manoeuvres d’intimidation de la part du pouvoir en place", glisse un cadre de la Fedap-BC, une association de soutien à l’ex-président dont le leader, Adama Zongo, fait partie des huit interpellés. Dans le camp pro-Compaoré, on parle ainsi ouvertement de règlements de comptes en mettant en avant les accusations d’"atteintes à la sûreté de l’État", d’"activités politiques illégales" et de "troubles à l’ordre public" également mentionnés dans le communiqué du ministère de l’Administration territoriale.

Enfin, tous insistent sur le timing de ces arrestations, intervenues la veille ou l’avant-veille du vote du nouveau code électoral par le Conseil national de transition (CNT). Cette loi controversée rend "inéligibles" les personnes ayant "soutenu un changement inconstitutionnel portant atteinte au principe de l’alternance démocratique" et exclut donc les partisans de l’ex-président des élections présidentielle et législatives, prévues le 11 octobre prochain. "Il n’y a aucun lien entre ces interpellations et le vote du code électoral", se défend-t-on à la primature, tandis qu’une source au ministère de la Justice assure que les individus arrêtés font l’objet d’enquêtes "ouvertes il y a plusieurs semaines".

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