Kenya : des ONG et des sociétés de transfert soupçonnées de financer les Shebab
Après le massacre perpétré jeudi 2 avril dans l’université de Garissa par un commando Shebab, le gouvernement kényan passe à l’offensive sur le plan financier. Il espère couper les terroristes de leur soutien en enquêtant sur les compagnies de transfert d’argent.
Le Kenya soupçonne 85 personnes et organisations, dont les principales compagnies de transfert d’argent vers la Somalie et d’importantes ONG kényanes, de liens avec les Shebab somaliens, selon le Journal officiel (JO) publié mercredi. Ces personnes et entités, parmi lesquelles figure le cerveau présumé de l’attaque qui a fait 148 morts le 2 avril, Mohamed Mohamud, ont 24 heures pour présenter leur défense, précise le JO.
>> Lire aussi : "Kenya : que s’est-il passé à l’université de Garissa ?"
Le ministère kényan des Finances avait précédemment annoncé que les comptes bancaires des personnes et entités suspectes seraient gelés avant qu’une enquête plus poussée ne détermine si ces liens sont avérés. "Pour la première fois hier, nous avons établi une liste de personnes et d’entités qui pourraient être impliquées dans des activités de soutien au terrorisme", a déclaré à la presse Kamau Thugge, haut fonctionnaire au ministère. Les comptes des personnes et entités seront gelés, a-t-il poursuivi.
Samedi, deux jours après la fin de l’attaque de Garissa, le président kényan Uhuru Kenyatta avait déclaré que ceux qui planifient et financent le terrorisme étaient profondément implantés dans la société kényane.
Des ONG dans le collimateur
D’importants transferts d’argents sont réalisés entre la Somalie et le Kenya, où vit une importante communauté somalienne. Ces transferts de fonds, essentiels à la population, ne se font pas via des banques – la Somalie ne disposant pas de système bancaire – mais par le biais de compagnies de transfert d’argent, qui doivent elles-mêmes être adossées à des banques pour opérer. Geler leurs comptes bloque de facto leurs activités.
Parmi les ONG citées au JO, figurent les associations Muslims for Human Rights et Haki Africa. Très actives au Kenya, elles dénoncent régulièrement la stigmatisation et la répression des populations musulmanes, essentiellement originaires du nord, de l’est et de la côte du pays.
(Avec AFP)
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